Tradition et histoire des femmes Padaungs

 

Les "Femmes-Girafes" : terme imagé pour parler de femmes issues d’une ethnie minoritaire des montagnes birmanes : les Padaungs refugiées en Thailande pour fuir les répressions, elles sont aujourd’hui parquées dans des villages de pacotille, aux seules fins d’ébahir les touristes.

 

Pour le peuple Padaung, il y a un critère de beauté féminin particulier : "l’ornement du cou par des spirales de cuivre". Plus ces anneaux sont nombreux, plus la femme est considérée comme belle.

 

C’est donc dès l’âge de 5 ans que les petites filles commencent à porter ces bijoux. A l’issue d’une cérémonie durant laquelle on leur enduit le cou d’un mélange de graisse de chien, de lait de coco, et de gelée royale, les premiers anneaux sont posés. Deux ans après, deux anneaux supplémentaires sont fixés, et ainsi de suite jusqu’à atteindre le menton. Le rituel se perpétue jusqu’au mariage de la jeune fille. Il arrive que dès l’âge de 12 ans, le nombre définitif de spirales ait déjà été posé. Cet ornement, considéré comme critère de beauté, comporte jusqu’à 25 ou 28 anneaux. Cela représente un poids compris entre 6 et 9 kilos. Si la famille est riche, des cercles de métal identiques viennent parer les mollets de ces femmes.

 

Contrairement aux apparences, ce n’est pas le cou qui s’allonge. C’est la fosse claviculaire qui se déforme par la pression et le poids.

 

L’origine de cette tradition est mystérieuse. On évoque plusieurs sources. Une protection contre les félins qui attaquent leur victime au cou. Une façon de protéger l’or du vol en le fixant au cou des femmes. Une déformation volontaire pour que les ethnies voisines n’enlèvent pas les femmes de la tribu. Enfin une façon d’éloigner la mauvaise fortune et les mauvais esprits.

 

Car c’est surtout dans ce pays que vit désormais ce peuple. A l’origine, les Padaungs sont issus d’une région de Birmanie, située sur les états Shan et Kayah. Ils vivent isolés dans les montagnes. Aujourd’hui encore, il est impossible de se rendre dans leurs villages car la région n’est pas pacifiée. Faisant partie des 135 ethnies différentes et minoritaires vivant en Birmanie, ils sont sujets à des répressions voire des persécutions. Ils ont donc fuit la Birmanie pour se réfugier en Thailande.

 

Les femmes Padaung que l’on appelle aussi "les Karens au long cou" ont depuis toujours éveillé la curiosité. Dans des temps reculés, elles auraient été conduites au palais royal de Mandalay pour y être examinées.

 

Cette curiosité persiste encore aujourd’hui mais la façon dont sont traitées ces femmes est dénoncée par la Ligue des Droits de l’Homme. Elles font, en effet, l’objet d’un véritable commerce touristique. Dans des villages reconstitués, après s’être affranchis d’un droit d’entrée, les touristes peuvent photographier à loisirs des scènes de vie quotidienne, totalement factices. Dénoncés comme de véritables "zoos humains", ces lieux sont pourtant une "attraction" prisée et proposée dans de nombreux circuits touristiques.

 

Les réactions vont cependant à l’encontre de ce système "d’exposition humaine". Les touristes prennent conscience de ce que ces villages ont de dégradant et sont, de plus en plus, invités à éviter ces lieux au nom de la dignité humaine.