Le Dalaï Lama fustige la Chine

par Alexandra Matine

Sa déclaration est apparue comme inhabituellement dure par rapport à l’attitude modérée qu’adoptait le chef spirituel ces dernières années vis à vis du gouvernement de Pékin. C’est la première fois depuis de nombreuses années que le dalaï lama dénonce aussi fortement le régime chinois.

Mais le ton a changé aujourd’hui lorsque le lauréat du prix Nobel de la paix 1989 a accusé publiquement la Chine de «violations des droits de l’Homme» et notamment de «négation de la liberté religieuse». Bénéficiant d’un regain de soutien d’Occident depuis six mois environ, le dalaï lama n’a pas hésité à critiquer la politique chinoise à l’égard des ressortissants tibétains. « Depuis près de six décennies, des Tibétains vivent en permanence dans la peur et sous répression chinoise» a-t-il déclaré devant ses partisans réunis pour l’occasion à Dharamsala, son lieu d’exil depuis 1959, dans le nord de l’Inde.

Cette déclaration intervient cinq mois avant le début des Jeux Olympiques organisée par Pékin qui cristallisent les revendications des défenseurs des droits de l’homme. Bien qu’accusé par les médias chinois de vouloir «saboter cet événement», le dalaï lama a cependant tenu samedi à réaffirmer le droit de Pékin d’organiser les Jeux Olympiques.

Selon des experts internationaux, le dalaï lama a choisi de multiplier les sorties publiques sur la scène internationale pour forcer Pékin à négocier une autonomie «culturelle» pour le Tibet. Le chef spirituel entretient depuis le mois d’octobre dernier des relations avec l’Occident dont il a rencontré de nombreux chefs d’Etat occidentaux notamment George W. Bush qui l’avait invité aux Etats-Unis. Il avait aussi été reçu par les chefs des gouvernements allemand, autrichien et canadien.
Une centaine de Tibétains en exil du monde entier ont entamé aujourd’hui une marche symbolique en direction de Dharamsala, en principe à destination du Tibet, mais sans dire si et où ils pourraient traverser la frontière entre l’Inde et la Chine. Pour le président du congrès de la jeunesse tibétaine Tsewang Rigzin, l’un des organisateurs de cette marche, « Le gouvernement [chinois] se sert des JO comme vitrine pour légitimer son occupation illégale du Tibet.»