Impuissance et agacement n’ont pas leur place

 

L’un des plus grands préceptes du bouddhisme est la lucidité envers soi-même car pour arriver à la sérénité, il faut savoir séparer les faits et l’interprétation que nous en faisons, cette dernière étant trop souvent négative. Selon Dilgo Thyentsé Rinpoché, les idées et les sentiments se transforment sans cesse, comme des nuages déformés par le vent, il ne faut donc pas leur donner une grande importance et les ruminer. On s’expose alors non seulement à une perte de temps, mais aussi au ferment qui peut amener à la paranoïa ou autres maladies psychiques, telles la dépression.

 

Toutefois, en Occident, nous fonctionnons souvent selon l’idée que notre vie dépend de notre destinée ou de notre tempérament, comme si tout était déjà écrit à l’avance. Dans le bouddhisme, au contraire, toutes les possibilités sont ouvertes, à condition d’y travailler. On n’a rien sans rien, mais chacun peut parvenir à pacifier ses états d’âme, pour peu qu’il accepte le fait qu’il s’agit d’un travail à accomplir tout au long de la vie et non pas d’un don que l’on reçoit ou pas à la naissance. Si respirer est un acte que l’on accompli sans même y penser, il ne faut pas croire que bien vivre est également un acquis.

 

Une jolie image est celle qui compare la vie à la mer, si on ne nage pas et donc qu’on ne fait aucun effort pour vivre, on coulera forcément tôt ou tard. Le fait de vivre demande donc de faire un effort, mais il n’y a rien là de négatif, car la démarche et les résultats sont gratifiants et en valent toujours la peine. Une autre grande idée que les thérapeutes et les bouddhistes ont en commun est la compassion. Savoir rassurer et écouter sont des qualités déjà très importantes dans la vie courante, mais qui ont beaucoup plus d’impact pour les personnes en souffrance psychique.

 

Cette notion de compassion est une des clés de la guérison des malades, car sans empathie et sans écoute, les patients perdent confiance en eux et en leur médecin. Ils peuvent en effet se sentir avant tout «une pathologie» plutôt qu’une «personne à part entière».

 

Le bouddhisme ne dit pas autre chose, la bonté, l’humanité et la patience font partie de son enseignement. Cependant, si ce don de soi est important, il doit également s’inscrire dans une démarche où impuissance et agacement n’ont pas leur place, même si certains thérapeutes avouent ressentir parfois ces deux dernières émotions devant leur patient. Là encore, intervient la notion de lucidité envers soi-même et les autres.

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