Alexandra David-Néel: Journal de voyage (t. 1) : Lettres à son mari (11-8-1904 / 26-12-1917)

 Alexandra David-Neil

15 août 1906 : Les êtres ont droit au bonheur, si l’on peut parler de droit ici. Je veux dire qu’ils ont l’instinct du bonheur comme ils ont celui de manger, car qu’est-ce que le bonheur sinon la satisfaction, d’un besoin de notre organisme, besoin matériel ou mental. Nous sommes absurdes de trouver mauvais que tel être cherche son bonheur de telle manière qui correspond à l’étoffe dont il est fait. Les vieux principes, la hiérarchie des pensées et des actes, toute l’échelle du Bien et du Mal nous tient trop encore et les plus affranchis d’entre nous ne peuvent guère se défendre de jauger selon leur catalogue propre les gestes d’autrui. Oh! les dogmes, les devoirs, l’idéal, quelles sources de tortures!… On veut être ceci, on veut que ceux qui vous approchent soient cela et, ni soi ni les autres ne ressemblent au modèles rêvé… Alors c’est la contradiction perpétuelle et comme l’animal, pourvu qu’il ait sa ration suffisante de satisfactions animales, tient à continuer sa vie, on continue à vivre rongé, dévoré, désolé d’une échéance illusoire et insupportable à autrui…
Choisissez une étoile, ne la quittez pas des yeux…elle vous fera avancer loin, sans fatigue et sans peine.
____________________________________________________________________________________________________________________
Il s’agit d’une femme extraordinaire

Né(e) à : Saint-Mandé (Val-de-Marne) ,  le 24/10/1868
Mort(e) à : Digne (Alpes-de-Haute-Provence) ,  le 08/09/1969

Louise Eugénie Alexandrine Marie David, plus connue sous son nom de plume Alexandra David-Néel, de nationalités française et belge, est une orientaliste, tibétologue, chanteuse d’opéra, journaliste, écrivain et exploratrice française.Outre sa longévité (100 ans), son trait de gloire le plus marquant reste d’avoir été, en 1924, la première femme d’origine européenne à séjourner à Lhassa au Tibet,  et qui contribua fortement à sa renommée, en plus de ses qualités personnelles et de son érudition.

Durant les saisons 1895-1896 et 1896-1897, sous le nom d’Alexandra Myrial, Alexandra David occupe l’emploi de première chanteuse à l’Opéra d’Hanoï (Indochine), interprétant le rôle de Violetta dans La Traviata. De 1897 à 1900, elle partage la vie du pianiste Jean Haustont, à Paris, et ils écrivent à deux Lidia, drame lyrique en un acte dont Jean Haustont compose la musique et Alexandra le livret.

Le 4 août 1904, à Tunis, elle épouse Philippe Néel, ingénieur en chef  des Chemins de fer tunisiens, dont elle était la maîtresse depuis le 15 septembre 1900. Leur vie commune fut parfois orageuse, mais toujours empreinte de respect mutuel. Elle se termine définitivement le 9 août 1911 par son départ pour son troisième voyage en Inde (1911-1925).

Alexandra David-Néel arrive au Sikkim en 1912. Elle se lie d’amitié avec le souverain de cet État de l’Inde, Sidkéong Tulku, et visite de nombreux monastères bouddhistes pour parfaire sa connaissance du bouddhisme. En 1914, elle rencontre dans un de ces monastères le jeune Aphur Yongden dont elle fit par la suite son fils adoptif. Tous deux décident de se retirer dans une caverne en ermitage à plus de 4000 mètres d’altitude, au Nord du Sikkim.

Alexandra et Yongden partent ensuite pour la Corée, puis Pékin en Chine. Leur périple dura plusieurs années et traversa le Gobi, la Mongolie, puis une pause de trois ans au monastère de Kumbum au Tibet, où elle traduit la fameuse Prajnaparamita, avant de repartir déguisés en mendiante et moine pour Lhassa qu’ils atteignent en 1924. Alexandra rencontre Swami Asuri Kapila (Cesar Della Rosa). Ils y séjournèrent deux mois, durant lesquels ils visitèrent la ville sainte et les grands monastères environnants : Drépung, Séra, Ganden, Samye… Mais Alexandra David-Néel est finalement démasquée et dénoncée à Tsarong Shapé (le gouverneur de Lhassa), elle rentre en France.

Laisser un commentaire