La parabole de Mushin (partie 1)

Train

Charlotte Joko Beck   –  Soyez zen, en donnant un sens à chaque acte et à chaque instant

La parabole de Mushin  (partie 1)

Il y avait une fois un jeune homme qui  s’appelait Joe et qui habitait la ville de Bonne-Espérance. Comme Joe se passionnait pour l’étude du dharma*, il avait pris un nom bouddhiste et se faisait appeler Mushin.

À part cela, Joe vivait comme tout le monde : il allait travailler tous les jours et il avait une charmante épouse. Cependant, malgré tout l’intérêt que Joe professait pour le dharma, il faut reconnaitre que c’était plutôt un macho, un type assez amer, un m’as-t-vu qui croyait tout savoir. Il finit même par se rendre tellement insupportable au travail qu’un beau jour, son patron le renvoya en lui déclarant qu’il en avait assez. Et voilà notre Joe, chômeur, qui rentre à la maison où il découvre une lettre de sa femme : « J’en ai assez, Joe. Je te quitte. » Et Joe se retrouve tout seul chez lui, en tête à tête avec lui-même.

Cependant, notre Joe, alias Mushin, n’étant pas du tout du genre à baisser les bras facilement, ne se démonta pas et jura que, s’il n’avait pas su garder sa femme et son boulot, il réussirait néanmoins à trouver la seule chose qui compte vraiment dans la vie : l’éveil. Et le voilà qui court jusqu’à la librairie la plus proche et qui passe au peigne fin toutes les dernières parutions traitant des moyens d’atteindre l’éveil. Et là, il trouve un livre qui lui parait plus intéressant que les autres, intitulé : Comment sauter dans le train de l’éveil. Joe achète aussitôt le livre et l’étudie à fond, après quoi il rentre chez lui, il liquide son appartement, il met toutes ses affaires dans un sac à dos et part pour la gare qui se trouve à la lisière de la ville. Il a en effet lu dans son livre qu’en suivant bien toutes indications, il trouverait le fameux train et saurait comment s’y prendre pour monter dedans. « Formidable », s’est-il dit.

Voilà donc Joe qui arrive à la gare – désaffectée –, qui relit soigneusement son livre et qui apprend par cœur toutes les indications et recommandations diverses. Et puis il s’installe pour attendre. Et il attend : deux jours, trois jours, quatre jours – il attend le grand train de l’éveil, car le livre a bien dit qu’il ne pouvait manquer de venir; et Mushin fait toute confiance à son livre. Enfin, le quatrième jour, il entend un grand bruit, dans le lointain, et le bruit se rapproche de plus en plus. Sachant que ce doit être le fameux train qui arrive, Mushin se prépare. Il est là, si excité de voir le train qui entre en gare; c’est vraiment  incroyable! Et puis, soudain, vroom… même pas le temps de dire ouf, et le grand bolide métallique est déjà passé. Parti, envolé. Alors que faire, maintenant? Ce train existe bel et bien, il l’a vu. Mais il n’a pas pu y monter. Alors il se replonge dans son bouquin et se remet à l’étudier d’arrache-pied. Mais, chaque fois que le train arrive, c’est toujours le même scénario…

À suivre…

* Dharma – dans le contexte du bouddhisme contemporain en Occident, le mot est souvent utilisé dans le sens de mode de vie, manière d’être – conformes aux principes du bouddhisme

Une pièce musicale Le premier ciel d’Harmonium

https://www.youtube.com/watch?v=LX4DLSw7Wl4

Une réflexion sur “La parabole de Mushin (partie 1)

  1. On appelle ça faire languir! Tu as le tour de créer l’intérêt. Espérant qu’il y a que deux parties, j’ai bien hâte de lire la suite. Bonne journée!

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