Tout aimer vraiment?

ce que je suis

J’aime bien entendre dire qu’il faut s’aimer tous, mais par delà la beauté de la formule, je ne peux m’empêcher de me rappeler ceci.

Comment aimer tout le monde si on ne nous donne pas la clé pour y arriver vraiment? Je veux dire, du fond du cœur, pas par volonté, par nécessité, mais par conscience réelle.

Prenez l’exemple d’une personne que vous avez côtoyée dernièrement et dont la conduite vous rebutait. Car il faut être réaliste, il y a dans nos vies de tous les jours, des personnes que nous ne pouvons pas, et ce avec toute la bonne volonté, ne pas ressentir une répulsion. Alors,  si on vous demande de l’aimer vraiment, est-ce vraiment possible?

Je pense à une personne violente, sans attention au regard des autres, égoïste, et qui ne manifeste qu’une attitude agressive envers vous, seriez-vous capable de l’aimer? Pour moi, le réaliste me pousse à dire non et je sais que c’est inutile d’essayer. C’est impossible!

Ceux qui comme moi ont essayé de persévérer avec ce type de personne qui nous heurte ont fait ce constat. D’ailleurs, il arrive un temps ou nos efforts pour s’ouvrir à cette personne donnent l’effet contraire, on en arrive vraiment à le trouver encore plus insupportable.

Nous ne sommes pas obligés d’aimer tout le monde. Mais nous avons l’intuition que notre approche de la vie doit être d’ouverture, même envers les ennemis. Nous savons que la haine est un pouvoir qui détruit tout. Nous savons que le développement de notre humanité et de notre vie passe par la paix, et que le vrai pouvoir est la compassion.

Pour parvenir à sortir de ce dilemme, il faut prendre conscience que nous sommes tous interdépendants. Je respire le même air que vous. Je partage le même monde que vous. Même la personne que nous n’aimons pas existe et fait partie de cette vie.

Nous devons nous projeter au-delà des représentations en nous concentrant sur la part d’humanité qui habite chaque personne. Nos colères ont une cause, nos réactions négatives ont une cause, et la prise en compte de celles-ci permet de cesser de juger, de mieux s’assumer, et d’avancer. D’ailleurs, ces états d’âmes négatives finissent par passer.

Pour la personne dont la part d’humanité semble enfouie sous des couches de douleurs ou de souffrances, pourquoi laisser tomber? Je ne dis pas d’aimer nécessairement, mais juste avoir la confiance tranquille qu’elle est là cette part d’humanité, et qu’elle peut un jour se manifester. Et comme nous sommes tous interdépendants d’une certaine façon, il y a plus que cette personne qui souffre qui en bénéficiera. Tout finit par passer dans la vie.

Cultiver sa compassion, avec des attentes réalistes, à sa mesure, selon ses propres capacités est déjà un grand avoir pour tous. Car la compassion nous apprend dans un premier temps à vivre en nous-mêmes et à nous accepter.

Une chanson de Jacques Brel Le bon dieu