L’ouverture à l’autre

Le souk d'Alexandrie.

Se promener à Alexandrie est un bel exercice pour moi. On me dit que compte tenu du contexte politique de faire attention, de sortir que pour le nécessaire.  L’ambassade du Canada écrit sur son site qu’il nous faut éviter tous les voyages non essentiels en Égypte. Je suis donc partant avec une certaine crainte.  Je me promène depuis une semaine dans les rues de cette ville.

Bien sûr que je fais attention, bien sûr que j’évite de sortir pour rien.  Mais je sors quand même, il faut manger, se délier les jambes, aller enseigner, faire des commissions, bref vivre. J’ai développé au fil des ans en visitant des lieux à risque certains réflexes. J’évite de sortir aux mêmes heures, de prendre les mêmes trajets, lorsqu’il y a des vitrines, je fais des pauses pour voir dans les reflets s’il y a des visages qui me collent tout le temps, j’entre dans une boutique pour avoir une vue dégagé sur la rue, j’arrête et je donne aux mendiants en restant un peu pour communiquer par signe et regarder autour de moi, etc.

L’autre jour un homme a traversé la rue en courant vers moi, j’ai regardé les yeux et je n’ai vue aucune agitation, il est passé près de moi et il est entré dans une boutique. Il était pressé, et moi nerveux. Il est facile de juger, on ne sait pas ce que l’autre vit.

Je m’entraîne à regarder les gens en marchant et leur souhaiter du bonheur, imaginer ces personnes souriant avec des enfants, des proches, j’aime imaginer que les personnes peuvent devenir bien dans leur cœur. Cet exercice croisé à une attention de ce qui se passe autour de moi m’évite de sombrer dans la suspicion. Un peu comme nous le faisons en conduisant une voiture, nous suivons les panneaux de signalisation et lorsqu’une courbe est annoncée, on ralentit, on s’ajuste, sans peur, sans animosité et en même temps on peut apprécier le paysage, le croisement des voitures et des gens.  Je veux me promener dans le monde et aider en ayant en tête que tout est dangereux (d’ailleurs même les États-Unis est le pays le plus dangereux au monde à cause des armes à feu) et que je peux faire attention sans trop développer d’aversion envers les autres, les étrangers, les différents.

J’ai plaisir à découvrir des étudiants merveilleux au grand cœur à Senghor, j’ai plaisir de voir des enfants et des adultes déambuler dans les rues avec légèreté et insouciance comme chez moi, il y a ici des mines de trésors humains enfouis sous la peur.  Je suis heureux de réaliser ce que je fais de bien et de m’entraîner dans un lieu différent de chez moi à voir avec compassion que nous sommes beaux les humains, malgré les agressions isolées ici et là par des personnes dont le cœur n’est plus connecté.

Nous sommes beaux les humains, croyez-moi.

Une chanson d’United  Playing For Change – Song Around the World

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