Les passeurs

image-passeur

Je n’ai pas besoin de maître, je n’ai pas besoin d’être un disciple. Non pas que je sais tout, ou que je ne veux plus rien apprendre, mais c’est plutôt que je sais au fond de moi qu’il n’est pas de ma nature de suivre les traces d’un autre.

J’ai choisi d’être un passeur, une personne qui est en mouvement et qui permet, lorsque c’est possible, d’aider une autre personne à traverser un obstacle pour qu’elle continue sa propre route.

Au début de l’âge adulte, je me souviens qu’un groupe d’amis avait identifié chacun de ses membres à l’image d’une pièce du jeu d’échecs. Ils ont fait ce jeu pendant l’une de mes absences et on m’a raconté que beaucoup se sont battu pour être la reine ou le roi blanc, pour ne pas être un pion, et des choix intéressants figuraient parti les fous, le cavalier noir, même les tours robustes et droites, mais d’aucuns voulaient le cavalier blanc alors on me l’a agrafé sur le front.

Aujourd’hui, je me rappelle justement cet épisode. Je trouve que les membres de ce groupe avaient eu tout de même une certaine intuition. Je ne suis pas une personne qui avance dans une seule direction et jamais longtemps en ligne droite.

Plus récemment, quelqu’un m’a laissé un message relevant mon niveau d’avancement *spirituel* et me donnant des conseils pour progresser encore plus. Elle m’a conseillé de me joindre à son groupe si je voulais contribuer à quelque chose d’utile et de pérenne. J’ai décliné l’offre gentiment. Et j’ai eu au fond de mon cœur une certaine tristesse de constater l’importance de la compétition même dans le domaine du développement personnel.

Nous sommes en train d’oublier l’essentiel et de tout investir sur des éléments techniques voir parfois folkloriques tout en recherchant l’approbation d’un groupe au lieu de s’habiter réellement avec une attention consciente. Il faut faire attention, je ne suis pas contre les gens qui adhèrent à un groupe, bien au contraire, j’ai moi-même certaines adhésions et habitudes folkloriques, mais je suis contre la compétition et l’absence d’ouverture à des approches alternatives et innovantes. Je n’aspire pas à être meilleur qu’un autre. Quand une personne me parle de ses réalisations, je vois tellement la beauté de la vie. Je ne veux pas devenir plus ou moins, je veux juste m’être pleinement et aider autour de moi.

J’ai retrouvé une grande âme il y a quelques mois, une personne exceptionnelle qui fait de belles choses simples et vraies avec cœur. Je suis content et honoré de la côtoyer à l’occasion. En nous revoyant de façon fortuite, à la sortie d’un ascenseur, nous nous sommes enlacés spontanément dans une étreinte de reconnaissance malgré le sérieux du milieu et des fonctions. Elle a agi comme passeuse ce jour-là. Je veux que de telles personnes continuent d’être elles-mêmes.

Je suis un humain qui a besoin d’expérimenter, de voir les causes et les effets par moi-même avant de croire quelque chose ou quelqu’un. La plus grande maîtresse ou le plus grand maître, la porteuse ou le porteur de vérité saura m’émouvoir, je vais reconnaître cette beauté, cette sagesse acquise, et cette belle expression de vie, mais je ne vais pas le suivre et surtout pas tout croire inconditionnellement d’elle, car, bien qu’elle ou il ait trouvé la vérité, je n’ai pas encore fini mon propre parcours pour connaître cette vérité par moi-même.

C’est pourquoi je suis en mouvement, je passe et devient passeur pour les autres, afin, qu’ensemble, dans le respect des visions, des parcours et des choix, nous puissions mutuellement créer une vie meilleure de nos différences et faire un de nos singularités.

Une chanson de Maxime Le Forestier – Les jours meilleurs

COPYRIGHT – DROIT D’AUTEUR – Daniel Jean – Si vous voulez copier ce texte merci d’indiquer la source dandanjean.wordpress.com, ne pas couper ou modifier les textes et le contenu merci

4 réflexions sur “Les passeurs

Répondre à dandanjean