L’application de l’attention

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J’ai été à la recherche d’une application qui permettrait aux humains de garder leur tablette, leur ordinateur, leur portable ou leur téléphone à portée de main sans devoir compulsivement le consulter à toute heure du jour, au milieu d’un repas, pendant un film, pendant une conversation ou durant tout temps de transition.

Je cherchais une application qui permettrait aux personnes assissent dans un métro ou un autobus de ne pas regarder leur téléphone et de porter leur attention sur ce qui se passe autour d’eux, et regarder en vivant leur déplacement.

Je cherchais une application qui rendrait possible l’expression, c’est-à-dire exprimer plus que des mots sur une page virtuelle, une application ou il serait possible de mettre des sentiments, une intonation, une chaleur, une réelle présence afin que les messages soient correctement perçus.

Je cherchais une application qui nous permettrait de réaliser un autre moi que le moi en ligne avec plus qu’un profil et une approche bipolaire J’aime ou J’aime pas. J’aurais pu ainsi vivre au lieu de prendre des nouvelles ou des messagers.  J’aurais pu connaître un jardin secret, m’y promener juste pour prendre l’air et découvrir la vie qui y habite. Cette application aurait pu, qui sait, augmenter la fréquence avec laquelle j’irais au cœur de cette nature sauvage au point d’être incapable de tolérer le virtuel trop longtemps.

Je cherchais une application qui serait capable de m’aider à réaliser une seule tâche à la fois, et rien d’autre. Imaginez, marcher, s’asseoir ou lire un livre sans tenter de faire autre chose en même temps. On oublie trop souvent que cette vilaine capacité à penser à autre chose qu’à ce que nous sommes en train de faire est une dépense cognitive qui a un coût émotionnel, le multiêtre.

Malheureusement, toutes mes recherches m’ont démontré que cette application ne peut pas exister dans un environnement virtuel, il nous faudrait nous déconnecter pour le rendre possible, ce qui est un paradoxe. L’environnement naturel, contrairement à l’environnement virtuel, n’a pas besoin de connexions, car il est interdépendant et se nourrit d’attention. Les grandes trouvailles dans cet environnement naturel sont possibles sans branchement, donc il nous faut lâcher prise, vous savez ce dispositif de branchement!

Une chanson de Serge Fiori – Le monde est virtuel

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