Par nature ou par choix?

ImAge interdit

Lorsque quelqu’un agit avec générosité et qu’on le loue pour cela, il n’est pas rare de l’entendre dire : « C’est naturel. A ma place, vous auriez fait la même chose. » Lorsque, à l’inverse, quelqu’un fait quelque chose de choquant, la remarque est : « C’est contre nature. » Presque spontanément, nous associons morale et nature. Mais a-t-on raison de le faire? Si l’on est généreux par nature, c’est que l’on n’a aucun mérite à cela. Pourquoi dès lors louer le généreux? « Il est né généreux », devrait-on dire. « C’est sa nature. C’était son destin d’être généreux. » Félicite-t-on quelqu’un d’avoir les cheveux blonds?

De même, il faudrait être logique et ne pas se récrier face à un acte contre nature. Car, si la morale est naturelle, l’immoralité l’est aussi. Quelqu’un est-il avare? C’est sa nature, devrait-on dire. D’ailleurs, les avares ne s’en privent pas. Ni les voleurs. Quand on leur reproche de faire ce qu’ils font, ils invoquent la nature pour dire qu’ils agissent ainsi parce qu’ils sont ce qu’ils sont. On le voit donc, traiter la morale en terme de nature est plus qu’ambigu, puisque cela revient à donner trop peu aux uns en leur enlevant tout mérite et trop aux autres en les déchargeant de toute responsabilité.

Les grandes interrogations morales de Bertrand Vergely

 

Une chanson de Jean-Jacques Goldman -Nos mains

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