Les portes de la perception selon Aldous Huxley

Terre

Pour ceux qui vivent à l’intérieur de ses limites, les lumières de la ville sont le seul luminaire du vaste ciel. Les réverbères des rues éclipsent les étoiles, et l’éclat des réclames de whisky réduit même le clair de lune à une inconséquence presque invisible.

Le monde, dans sa réalité concrète, est complexe et innombrable, presque à l’infini. Afin de le comprendre, nous sommes contraints d’abstraire et de généraliser. En d’autres termes, d’omettre ce qu’il nous plait sur le moment de considérer comme étranger à la question, et de réduire ce qui reste de diversité à quelque forme d’homogénéité. Ce que nous comprenons, ce n’est jamais la réalité concrète telle qu’elle est en soi, ni même telle qu’elle parait être à l’expérience immédiate que nous en avons ; ce que nous comprenons, c’est notre propre simplification arbitraire de cette réalité.

*

… c’est un fait observable empirique que le chemin de l’éternité spirituelle passe par l’éternité animale immédiate du présent spécieux. Nul ne peut parvenir à la vie éternelle, s’il n’a au préalable, appris à vivre, non pas dans le passé ou dans l’avenir, mais maintenant – dans le moment et au moment.

*

Tout individu est à la fois le bénéficiaire et la victime de la tradition linguistique dans laquelle l’a placé sa naissance, – le bénéficiaire, pour autant que la langue donne accès à la documentation accumulée de l’expérience des autres ; la victime, en ce qu’elle le confirme dans la croyance que le conscient réduit est le seul conscient, et qu’elle ensorcelle son sens de la réalité, si bien qu’il n’est que trop disposé à prendre ses concepts pour des données, ses mots pour des choses effectives.

Aldous Huxley  dans Les portes de la perception

Une chanson de Francis Cabrel – Le pays d’à côté

 

2 réflexions sur “Les portes de la perception selon Aldous Huxley

Répondre à Nicole