Tant qu’y en aura

Au début c’est toujours la découverte. C’est souvent la surprise, le coup de cœur. La première mangue, le premier baiser, le premier travail. À l’image du printemps, tout est beau et le meilleur est à venir.

À l’été c’est l’abondance, on peut en profiter tant que nous en voulons. À quoi bon se mettre des limites, c’est bon, c’est merveilleux, il y en a tant et tout va bien! On apprend à faire des recettes avec la mangue, on apprivoise les gestes et les mots accompagnant le baiser, on expérimente les nouvelles opportunités à notre travail.

Lorsque nous commençons à découvrir que tout peut se tarir, l’automne s’installe. On se dit, tant qu’il y en a. On songe à se mettre des limites, mais ce que nous ne prendrons pas sera prix par un autre. Alors, nous consommons plus qu’il ne faut. Puis, nous acceptons des mangues moins fraîches, des baisers moins présents, la présence au travail n’est plus suffisante, il faut occuper la place des autres.

À l’hiver, nous constatons que le connu se fige. Il n’y a presque plus de ce que nous avions chéri le printemps, même notre pauvre tant qu’il y en a ne compte plus, on sait que la ligne a été franchie. Nous faisons le deuil de la mangue, nos baisers sont perdus dans les méandres d’un printemps non renouvelé, le travail est terminé.

Nous pourrions croire que tout est fini, qu’une page est tournée, que nous en avons profité tant qu’il y en a. Et c’est peut-être vrai. Mais, par-delà les quatre saisons, il y a le cycle de la vie.

Il y en aura toujours qui ne voudront pas tourner la page et attendre patiemment le printemps. Ils savent que tout recommencera. Certains diront, tant qu’il y en a, mais la vie est robuste, persévérante, résiliente. On parlera certainement des printemps antérieurs qui étaient plus beaux, mais à quoi bon comparer… quand il y a diversité et renouvellement.

Et il y en aura qui par-delà le cycle, aime la vie telle qu’elle est. Ils ne diront jamais plus tant qu’il y a en a, ils refuseront de déposséder la vie et de prendre inutilement. Ils ne parleront certainement pas d’un passé meilleur, car le temps d’une comparaison et nous avons sacrifié la différence qu’il fallait goûter. Ils ont appris à se libérer du connu et c’est pourquoi ils sont en développement durable.

Une chanson de Richard Séguin – Tant qu’y en a

Les paroles sur http://laboiteauxparoles.com/titre/83551/Tant_qu_y_en_a

 

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