Le Wabi-sabi et l’éloge de la singularité

 

bonheur autrement

Lors de mon premier contact avec cette représentation du monde qu’apporte le Wabi-sabi, j’ai été dérouté. Ce concept japonais qui puise son enracinement dans la singularité, la simplicité, l’authenticité et redonne un standard de beauté à l’imperfection m’a grandement touché par la suite.

Pour saisir son essence, il faut faire autant appel à ses sens et à sa sensibilité qu’à sa raison. C’est un regard atypique, contre culture, ou contre mode. Ce qui est singulier et non multiple, imparfait, impermanent et incomplet redevient le centre de la représentation. On ne cherche pas le fini, mais ce qui est en mouvement ici et maintenant.  Ce regard sur les choses qui nous entoure permet d’entretenir une certaine modestie et une humilité en nous.

Ce regard, ici et maintenant, nous éloigne de la recherche de la perfection fabriquée, ce regard, nous fait prendre conscience de l’importance d’accepter l’impermanence et l’inévitable et de se défaire de l’inutile pour rester soi, sans rien de plus, sans rien de moins.

Ce nouveau regard esthétique nous amène à développer notre singularité, bien au-delà de ce qu’il faut pour être heureux et beau selon la perfection préfabriquée. Ce regard est porté par ce que nous sommes réellement, discrètement sans artifice.

Lorsque quelque chose se trouble dans notre vie, la voie de passage n’est pas dans ce qui aurait dû être, mais dans la reconnaissance paisible de l’imperfection comme moteur de la vie, et de notre attachement à continuer à assumer notre propre nature, qui avance, se développe, et prend sa propre mesure, sa singularité. Il ne s’agit pas de renoncement, mais d’une résilience pour être, un peu comme le décrit Boris Cyrulnik, cet art de naviguer entre les torrents.

Christopher A. Weidner dans son livre Wabi Sabi : Trouver le bonheur au-delà de l’imperfection illustre bien ce concept:

Takeno Jo-o demanda à Sen no Rikyû de mettre de l’ordre dans le jardin. Rikyû s’y employa avec zèle et travailla tout le jour. Son travail terminé, il contempla son œuvre : tout était parfait et irréprochable. Pourtant, il manquait encore quelque chose. Il se dirigea alors vers le cerisier en fleurs et secoua l’arbre, provoquant la chute de quelques pétales qui vinrent se déposer avec douceur sur le sol.

Une pièce musicale de Mitsuru Kuwahara – Wabi-sabi

 

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