Mircea Eliade et le sacré

ImAGE encens

Le sacré n’implique pas la croyance en dieu, ou en des esprits, c’est l’expérience d’une réalité et la source de la conscience d’exister dans le monde.

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Le sacré est un élément de la structure de la conscience et non un stade dans l’évolution de cette conscience.

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Les colons scandinaves, en prenant possession de l’Islande (land-nâma) et en la défrichant, ne considéraient cette entreprise ni comme une œuvre originale, ni comme un travail humain et profane. Pour eux, leur labeur n’était que la répétition d’un acte primordial, la transformation du Chaos en Cosmos par l’acte divin de la Création.

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Le Temps sacré est par sa nature même réversible, dans le sens qu’il est, à proprement parler, un Temps mythique primordial rendu présent. Toute fête religieuse, tout Temps liturgique, consiste dans la réactualisation d’un événement sacré qui a eu lieu dans un passé mythique, « au commencement ». Participer religieusement à une fête implique que l’on sort de la durée temporelle « ordinaire » pour réintégrer le Temps mythique réactualisé par la fête même. Le Temps sacré est par suite indéfiniment récupérable, indéfiniment répétable. D’un certain point de vue, on pourrait dire de lui qu’il ne « coule » pas, qu’il ne constitue pas une « durée » irréversible. C’est un Temps ontologique par excellence, « parménidien » : toujours égal à lui-même, il ne change ni ne s’épuise.

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D’après les mythes des paléo-cultivateurs, l’homme est devenu ce qu’il est aujourd’hui –mortel, sexualisé et condamné au travail- à la suite d’un meurtre primordial : avant l’époque mythique, un Etre divin, assez souvent une femme ou une jeune fille, parfois un enfant ou un homme, s’est laissé immoler pour que des tubercules ou des arbres fruitiers puissent pousser de son corps. Ce premier assassinat a changé radicalement le mode d’être de l’existence humaine. L’immolation de l’Être divin a inauguré tant la nécessité de l’alimentation que la fatalité de la mort et, par voie de conséquence, la sexualité, l’unique moyen d’assurer la continuité de la vie. Le corps de la divinité s’est immolé et s’est transformé en nourriture ; son âme est descendue sous la terre, où elle a fondé le Pays des Morts.

 

Mircea Eliade

 

Une chanson d’I Muvrini – Dans la main de la terre

Les paroles sur http://radiblog.fr/dans-la-main-de-la-terre/

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