L’aide d’un passeur…

ImAGE japon cerisiers en fleur

Alors qu’il était mourant, le moine Ninakawa reçut la visite du grand maître zen Ikkyu qui lui proposa de le guider dans cet instant crucial. Le candidat à l’autre monde, d’une voix faible mais ferme répondit:

– Seul je suis venu ici-bas et seul je dois m’en aller. Je ne sais pas quelle aide vous pourriez m’apporter.

– Si vous pensez réellement que vous allez et venez, vous êtes encore dans l’illusion. Vous n’avez donc toujours pas compris la véritable nature de l’esprit.

Le visage de Ninakawa s’illumina d’un paisible sourire et il rendit son dernier souffle.

*

Ma hutte est cachée dans une forêt profonde

Qui chaque année, devient plus impénétrable.

Je n’entends rien des bruits du monde

Sauf, parfois, le chant lointain d’un bûcheron.

Quand le soleil brille, je rapièce ma robe.

Au clair de lune, je lis des poèmes.

Si vous me permettez un conseil:

Ne perdez pas votre vie à courir

Après tant de choses inutiles.

Ryokan (Le voleur et la lune)

*

Pour meubler le silence, et pour prouver qu’il n’était pas un néophyte, l’intellectuel américain continua :

-Sachant que le zen est né en Chine, j’ai cru très longtemps que ce concept du Vide était une influence du taoïsme, mais en découvrant récemment le Prajnaparamita qui est un texte fondateur du Mahayana, et dont les premières versions sont en sanscrit, j’ai compris l’origine proprement bouddhique de cette idée de Vacuité. Notion purement bouddhique, en effet, qui paraît, d’ailleurs, étrangère à l’hindouisme mais…, bredouilla le philosophe, maître, que faites-vous ? Le bol déborde et vous continuez de le remplir ?!

-Eh oui, répondit le moine à son hôte, ce bol déborde tout comme votre esprit. Comment voulez-vous que je puisse y ajouter quelque chose ?

Pascal Fauliot dans Contes des sages du Japon

 

Une pièce musicale de Jean-Pierre Rampal & Lily Laskine – Sakura Sakura

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