La sculpture du vivant

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Parce qu’il y a une infinité de manières de lire une partition génétique, parce qu’aucune cellule-fille ne sera une copie exacte de sa mère et qu’aucune cellule-mère n’est une copie exacte de la cellule qui lui a donné naissance, notre corps fait scintiller la palette des interprétations possibles et leur laisse la possibilité provisoire de s’incarner. Seule survivra la cellule capable de percevoir et de répondre au mieux, à un moment donné, au signal de survie. Seule survivra la cellule capable de s’intégrer au mieux, à un moment donné, à la société qui l’entoure. Tout au long de notre existence, comme pendant la période de développement embryonnaire, notre corps se construit, s’auto-organise et se renouvelle en explorant la gamme des possibles. Il emprunte un parcours sinueux laissant à la puissance et à la richesse du hasard la possibilité de s’exprimer.

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À l’âge adulte, nous sommes constitués de plusieurs dizaines de milliers de milliards de cellules, réparties en plus d’une centaine de familles différentes, formant plusieurs dizaines d’organes et de tissus. Chaque jour, probablement, plus de cent milliards de nos cellules se dédoublent, en moyenne plusieurs millions à chaque seconde. Chaque jour, probablement, plus de cent milliards de nos cellules s’autodétruisent — plusieurs millions par seconde. Elles fragmentent leur corps et leur noyau, effaçant la bibliothèque de leurs gènes, et disparaissent, englouties par les cellules environnantes. Leur mort, discrète, rapide, inapparente, ne cause aucune lésion.

Jean-Claude Ameisen dans La sculpture du vivant : Le suicide cellulaire ou la mort créatrice

 

Une chanson de Leonard Cohen interprétée à son hommage par Sting – Dance me to the end of love

Les paroles en français sur https://www.lacoccinelle.net/248155-leonard-cohen-dance-me-to-the-end-of-love.html

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