L’inconnu sur la terre

ImAGE Inde enfants rire

Parfois, on rencontre ceux qui sont simples. On voit leur lumière, on sent la pureté de leur souffle, la netteté de leur regard. Alors c’est comme si quelque chose cédait enfin dans ce réseau infini de protections et d’interdictions qui nous entoure, comme si une brèche s’ouvrait enfin dans ce mur compact qui nous isole.

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C’est une flamme qu’on ne remarque pas tout d’abord, parce qu’on est souvent distrait par toutes les étincelles et tous les éclats qui tourbillonnent sans cesse : la brillance, le luxe, miroirs partout tendus, phares aveuglants braqués sur les yeux, grandes plages de couleur, de blancheur.

Mais lorsque tout devient gris de fatigue et d’usure, lorsque la plupart des êtres se sont éteints et se sont effacés, alors on remarque cette lueur étrange qui brille par endroits, comme des feux de braise. Quelle est cette lueur? Que veut-elle? Est-ce le désir? Le plus simple désir alors, la force de la vie, la force de la vérité.

Ceux qui refusent les mensonges, ceux qui ne sont pas compromis dans les affaires louches du monde, ceux qui ne se sont pas avilis, qui n’ont pas été vaincus, ceux qui ont continué à vibrer quand tous les autres se sont endormis : la lumière n’a pas quitté leurs yeux. Elle continue à sortir de leur peau, de leur âme, la lumière pure qui ne cherche pas à vaincre ou à détruire.

La lumière pour cette seule action : voir, aimer. Je cherche ceux et celles qui brûlent. Ce sont les seuls immortels.

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Ah, c’est vrai, comprendre. Il faut comprendre, pour savoir, ou l’inverse. Mais quoi ? Comprendre l’organisation de la société humaine pour être un homme, comprendre la structure des êtres vivants pour vivre ? Ce n’est pas cela. Vous vous trompez, ce ne sont pas les règles du jeu. La vie n’est pas une série d’astuces.

J.M.G Le Clézio dans L’inconnu sur la terre

Une chanson de R.E.M – Everybody hurts

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