Contes des sages nomades

 couture

Il avança lentement vers l’oiseau. Il était doux, aimant, elle se laissa soulever, abandonnant sa branche pour la main fine du nomade. Tandis qu’ils allaient ensemble vers le campement du jeune homme, le wali Allah les suivait de loin. Le derviche errant souriait : un oiseau posé sur le doigt d’un nomade assis sur un chameau marchant sur les vagues sèches des ergs, n’était-ce pas l’image même de la voie qui mène à l’éternité ?

[Conte berbère]

Quand fut imaginée le premier métier à tisser, en aluna, dans la première maison faite d’esprit pur, ce qui pouvait advenir avait envie de marcher. Peut-être le tissu aurait-il deux faces et alors l’étoffe aurait des jours et des nuits, des femmes et des hommes, de la vie, de la mort… et ce qui n’était pas encore né ou conçu, et qu’il n’était pas certain qu’il advienne, pourrait commencer à cheminer vers l’infini. (…) C’était juste avant que la déesse faite de terre n’apparaisse et que le jour ne se lève pour la première fois. Quand la mère apparut, elle prit un fuseau, l’enfonça dans la terre encore molle, au centre du pic blanc de la Sierra Nevada. Kalvasankau ! Elle tira une longueur de fil, l’enroula sur le fusain et dit :

— C’est ici, la terre de mes enfants. Ils iront pieds nus et auront plusieurs maisons pour penser et pour tisser leur existence.

Voilà pourquoi les hommes tissent et les femmes filent, voilà pourquoi nous marchons.

[Cela dépend du petit frère, conte des Indiens kogis et quechuas]

Patrick Fischmann dans Contes des sages nomades

Une chanson de Yves Duteil interprétée par- Gérard Vermont  – Tisserand

Les paroles sur https://greatsong.net/PAROLES-YVES-DUTEIL,TISSERAND,101254518.html

Laisser un commentaire