Le bonheur désespérément

Pleine conscience

Ce qui nous manque, c’est la sagesse, autrement dit de savoir vivre.

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Quand y a-t-il plaisir ? Quand y a-t-il joie ? Il y a plaisir, il y a joie quand on désire ce qu’on a, ce qu’on fait, ce qui est : il y a plaisir, il y a joie, lorsque l’on désire ce qui ne manque pas !

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Une espérance, c’est un désir qui ignore s’il est ou sera satisfait. Espérer c’est désirer sans savoir.

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La béatitude : le bonheur de celui qui n’a plus rien à espérer. Parce qu’il est perdu ? Non : parce qu’il n’a plus rien à perdre, parce qu’il est sauvé. Dans cette vie-ci. Dans ce monde-ci. Parce que la vérité lui suffit et le comble. Il est sans crainte comme il est sans espoir.

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Non qu’il faille vous interdire d’espérer ! Surtout pas ! Vous ne pouvez pas vous amputer vivant de l’espérance. Pourquoi ? Parce que dès qu’il y a désir et ignorance, désir et impuissance, désir et manque, il y a inévitablement espérance.

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Il ne s’agit pas de vivre dans l’instant : il s’agit de vivre au présent, on n’a pas le choix, mais dans un présent qui dure, qui inclut un rapport présent au passé (la mémoire, la fidélité, la gratitude) et un rapport présent à l’avenir (le projet, le programme, la prévision, la confiance, le fantasme, l’imagination, l’utopie, si vous voulez, à condition de ne pas prendre vos rêves pour la réalité.

 

André Comte-Sponville dans le Bonheur désespérément

Une pièce musicale de Harmonium – Histoire sans paroles

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