Les gens très bien

ImAGEImpossible de se cacher

Soudain, j’ai peur. Pour la première fois de ma vie, j’accepte de perdre pied en écrivant. En livrant mon âme à ce récit qui se présente à moi comme un saut dans le vide. Un déboîtement à haut risque. Un exercice de trahison de ma lignée, une volte-face qui m’interdit sans doute d’être un jour enterré auprès des miens. Quel homme surgira, malgré moi, en assumant ce livre de vérités qui n’ont cessé de me ronger l’âme ?

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Personne ne doute dans le vide. C’est une impossibilité psychologique. On ne doute pas du néant, de rien. Douter en l’air, sans indices, n’a aucun sens. Avoir des doutes, même fugaces, c’est nécessairement refuser d’admettre ce qu’une partie de soi sait déjà.

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Les hommes aiment croire en l’innocence des gars sympathiques, et en la culpabilité des salauds. Ça rassure !

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Tôt dans ma vie, j’ai donc flairé avec horreur que des êtres apparemment réglo -et qui le sont sans doute – peuvent être mêlés aux plus viles actions dès lors qu’ils se coulent dans un contexte qui donne un autre sens à leurs actes.

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Pour préserver l’estime de soi, l’homme peut se raconter n’importe quoi.

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Peut-être que murir, justement, c’est accepter de vivre dans l’étau de nos contradictions. Et de trahir jusqu’à ses plus proches pour ne pas se trahir à son tour.

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Vit-on ailleurs que dans la forêt de ses folies mal guéries de l’enfance ?

A-t-on déjà vu un être humain exister autrement qu’à travers l’opinion cinglée qu’il se fait du réel ?

Alexandre Jardin dans Les gens très bien

Une pièce musicale Flashmob Nürnberg 2014 – Ode an die Freude

 

 

 

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