Du bon usage des crises

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L’horreur des trahisons, l’horreur de ceux qui nous quittent. Mais personne ne nous doit rien, surtout pas ceux que nous aimons ! Ils nous ont déjà tout donné ! Ils ont réveillé en nous l’amour ! Oser dire : « Tu me dois quelque chose. L’amour que j’ai pour toi a créé des droits. J’ai des droits sur toi puisque je t’aime » Ignoble. Ignoble. Interdiction dans mon royaume. Interdiction de prise d’otage, interdiction de chantage. Changeons… entrons dans cette autre dimension. Apprenons ce qu’est l’amour. Comment y aurait-il une autre raison à l’amour que d’aimer ?

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Le sens de la souffrance, c’est de traverser. Nous vivons dans une époque tellement poltronne qui nous protège, qui nous apprend surtout à ne pas souffrir, à rester en surface, à ne pas entrer dans les choses.

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La passion nous offre une chance de traverser le mur des apparences. *

On a tout à fait tort quand on dit que l’amour est aveugle. Je crois qu’il faudrait dire bien davantage que l’amour est visionnaire, c’est-à-dire qu’il voit dans l’être aimé la divinité qui l’habite.

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Nous connaissons dans notre occident deux voies quand nous sommes dans un état d’étouffement, d’étranglement : l’une, c’est le défoulement, c’est crier, c’est exprimer ce qui était alors rentré. Il y a de nombreuses thérapies sur ce modèle et c’est probablement quelque chose de très précieux pour faire déborder le trop-plein. Mais, au fond, toute l’industrie cinématographique est fondée sur ce défoulement, cette espèce d’éclatement de toute l’horreur, de tout le désespoir rentré, qui, en fait, le prolonge et le multiplie à l’infini.

L’autre réponse, c’est le refoulement : avaler des couleuvres, et devenir lentement ce nid de serpents que nous sommes si souvent, ces nids de serpents sur deux pattes.

Et le troisième modèle qui nous vient de l’Orient et qu’incarnait Dürckheim : s’asseoir au milieu du désastre, et devenir témoin, réveiller en soi cet allié qui n’est autre que le noyau divin en nous.

Christiane Singer dans Du bon usage des crises

Une pièce musicale Nisi Dominus – Cum Dederit de Antonio Vivaldi. Andreas Scholl

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