Satprem : Par le corps de la terre

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Le but était partout ! À chaque instant, c’était le but, totalement le but, en chaque point de l’espace, chaque seconde du temps, sans un hiatus d’avenir pour espérer, sans une faille de passé pour un regret ; c’était ça et tout le temps ça, parfaitement ça, à chaque seconde — une myriade d’orbites impérissables qui passaient et repassaient par d’éternelles coordonnées, un seul mouvement imprescriptible qui rattachait ce point de douleur, cet éclat de moi, ce tressaillement d’un âge, au passage de l’écureuil et au souffle des moussons, à cette chanson d’enfant sur une petite plage blanche, à d’innombrables chansons, d’infinis points de douleur ou de joie qui se fondaient ensemble, qui ne faisaient plus qu’une seule grande traîne lumineuse, une immense robe de neige tissée d’un millier de fils, et comme une grandiose unique Personne qui se mouvait par d’éternels champs d’azur. C’était la cérémonie des mondes — absolue, sans défaut, pour la seule joie d’elle-même.

*

Il laisse la coulée l’emplir, la petite vibration claire qui continue et continue et semble couler sans trêve, comme une petite chanson sourde qui l’accompagne, comme un rythme qui monte et va sans fin, comme deux ailes d’oiseau légères qui battent par son azur intime et le portent partout et font comme une douceur de vue tranquille, comme si la vie s’éloignait, s’élargissait, s’enfonçait dans un infini clair où vibre seulement ce rythme, seulement cette cadence douce, et légère et transparente. Et tout commence à devenir extraordinairement simple.

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Le Mensonge est une invention de nos yeux, le Mal est une invention de nos yeux ; la douleur, la seule douleur, en vérité, est de ne pas voir du bon côté, car, si, une seule seconde, nous pouvions voir ce qu’est le monde vraiment sans tous nos faux regards de bien, de mal, de oui, de non, nous serions guéris à jamais, et le monde, sans changer une seconde de ce qu’il est en cette minute cruelle et obscure, serait complètement autre. C’est un voile de Mensonge sur une Réalité inimaginablement belle.

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Va et regarde chaque chose comme un secret.

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Peut-être les ombres nous talonnent-elles pour nous obliger à plus de lumière ?

Satprem dans Par le corps de la terre

Une pièce musicale d’Arcade Fire interprétée par Peter Gabriel – My Body is a cage

Les paroles en français sur https://www.lacoccinelle.net/285279.html

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