Le mangeur de brumes

ImAGE s'élever

Ma vraie demeure est sise aux terrasses du Ciel,

Dont les brumeux sentiers bloquent les visiteurs.

Cent mille pieds d’abrupts protègent ma retraite :

Le palais des rochers que baignent mille rus.

je longent les torrents, affublé de branchages,

je traîne autour des pics dans ma vieille pelisse.

Depuis que j’ai compris que la vie est magie,

Je jouis de flâner ; comme c’est merveilleux !

*

Les nues et les monts s’entassent, touchant au bleu du ciel.

Le chemin oblique et dans le bois s’enfonce, où ne flâne aucun promeneur.

Je regarde au loin le crapaud dans la lune claire et blanche

Et tout près, j’entends les oiseaux qui gazouillent.

Vieillard tout seul assis, perché sur un piton vert,

Oisif dans ma petite grotte, je laisse mes cheveux blanchir.

Ce que j’ai jadis admiré et que j’admire encore,

C’est que ne pas avoir de pensées ressemble tant aux fleuves qui coulent vers l’orient…

*

D’une eau pure et lumineuse

On peut naturellement voir le fond.

Quand il ne se passe rien dans l’esprit,

Rien ne peut le détourner.

L’esprit qui ne se livre plus à l’illusion

Reste inchangé pour d’éternels éons..

Capable de cette recognition,

On sait qu’aux choses, il n’est ni face ni dos.

*

Il est une montagne à l’unique renom,

Bien plus précieuse encor que tous les sept joyaux,

Où la bise frémit dans les pins sous la lune,

Où montent doucement les brumes colorées.

Oh ! Combien de monts chevauchant l’un sur l’autre !

Et sur combien de lieues serpentent les sommets !

Limpide paix de ces torrents…

Ma joie de vivre est infinie.

Han shan dans Le mangeur de brumes

Une pièce musicale de Saez – Château de Brume

les paroles sur https://genius.com/Damien-saez-chateau-de-brume-lyrics