Khalil Gibran et les Enfants du Prophète

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Si l’amour vous en juge dignes, lui-même guidera votre cœur.

L’amour n’a d’autre désir que de s’accomplir.

Mais si vous aimez et devez éprouver des désirs, faites que ces désirs soient les vôtres :

Fondre en un ruisseau qui chante sa mélodie à la nuit.

Éprouver la douleur d’un débordement de tendresse.

Être blessé par votre propre compréhension de l’amour.

Et en laisser couler le sang joyeusement.

*

Lorsque l’amour vous fait signe, suivez-le, bien que ses chemins soient abrupts et escarpés.

Et quand ses ailes vous enveloppent, livrez-vous à lui, malgré l’épée cachée dans son plumage qui pourrait vous blesser.

Et s’il vous adresse la parole, croyez en lui, même si sa voix fracasse vos rêves, comme le vent du nord dévaste les jardins.

Car autant l’amour peut vous couronner, autant il peut vous crucifier. Alors même qu’il vous aide à croître, il vous pousse à vous élaguer.

Alors même qu’il s’élève au plus haut de vous-mêmes et caresse les plus tendres de vos branches qui ondoient au soleil, il s’enfonce au plus profond de vos racines pour les ébranler dans leurs attaches à la terre.

Comme des gerbes de blé, il vous rassemble en vous serrant contre lui.

*

Nombreux sont les aigles qui descendent de l’air supérieur pour vivre avec les taupes afin de connaître les secrets de la terre. Il y a ceux qui renoncent au royaume des rêves afin de ne pas sembler distants de ceux qui ne rêvent pas. Et ceux qui renoncent au royaume de la nudité, en couvrant leurs âmes, afin que les autres ne soient pas intimidés en voyant la vérité non couverte et la beauté non voilée. Et plus extraordinaire encore que tous ceux-là est celui qui renonce au royaume de la tristesse pour ne pas paraître fier et orgueilleux.

Khalil Gibran dans Enfants du Prophète

Une pièce musicale de Sufi Music (Sukun)

 

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