La voie des fleurs

ImAGE japon cerisiers en fleur

Dans l’art de la composition florale, l’œuvre intérieure doit aller de pair avec l’œuvre extérieure, pour exprimer la totalité du ciel, de l’homme et de la terre. L’heure de l’exécution n’est pas un moment distrait de la journée, elle s’étend du matin jusqu’au soir. Et il n’est pas facile de suivre l’invisible sentier des fleurs du matin jusqu’au soir !

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Cet art n’est pas une école de dextérité, un exercice manuel, c’est une expérience de l’être. La technique en est le support extérieur, mais il ne faut pas en surestimer l’importance. Ce qui est décisif, c’est la discipline du cœur, l’union harmonieuse du corps, de l’âme et du monde environnant.

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Le mot Ikebana, qui signifie « mettre dans l’eau des fleurs vivantes », implique le devoir d’aimer les fleurs pour elles-mêmes et de les traiter avec bienveillance.

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Malgré la délicatesse de la matière, cet art était pratiqué à l’origine par des hommes extrêmement virils. L’esprit du samouraï trouvait dans l’absorption avec l’unité des fleurs la gravité nécessaire pour prendre les décisions suprêmes.

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Les heures d’étude s’écoulaient à peu près silencieuses car, en Orient, on a toujours attaché une valeur particulière à la tradition orale, ou plus exactement, à la tradition du cœur à cœur.

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L’intention profonde que recèle la tradition du Cœur à cœur est sans doute que l’élève ne puisse se borner à apprendre par cœur la substance d’une leçon ou des notions pratiques, mais qu’il soit obligé de découvrir et de vivre par lui-même l’esprit de son art.

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Aussi l’apprentissage de cet art n’est-il jamais achevé, même après des années d’exercice. Et quand l’étranger s’exclame : « Comment si longtemps ? », son étonnement prouve qu’il a en a une vue toute superficielle. (…) une construction correcte du seul point de vue technique laisse indifférent et froid. Elle n’est pas vivante.

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Il existe à ce sujet une légende : on raconte qu’un coolie, haletant sur un sentier de montagne avec son lourd fardeau, découvrit une petite fleur languissante entre deux pavés, qui risquait de mourir de soif au milieu des cailloux brûlants. Il s’agenouilla malgré sa charge et versa ses dernières gouttes de thé sur les tendres racines afin que la petite fleur puisse vivre jusqu’au soir. Puis il poursuivit sa route vers sa lointaine destination. Cette anecdote s’est transmise de bouche en bouche, non pas pour la rareté du fait, mais pour la compréhension qu’elle révèle.

Gusty Luise Herrigel dans La voie des fleurs : Le zen dans l’art japonais des compositions florales

Une pièce musicale de Jean-Pierre Rampal et Lily Laskine – Sakura Sakura

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