Présupposés du bonheur

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Compatir à la tristesse et à la peine d’autrui fait la dignité de l’être humain. La compassion est la voie de l’humanité vraie. Le maître bouddhiste Thich Nhat Hanh dit : « La compassion est la seule énergie qui puisse nous aider à réellement entrer en contact avec un autre être humain. Un homme qui ignore la compassion ne pourra jamais vraiment être heureux. » La compassion met fin à l’isolement de l’homme, crée d’authentiques relations et ennoblit celui qui la pratique. C’est la condition même pour être vraiment heureux. Cela peut paraître paradoxal, car celui qui compatit avec l’autre, ressent sa douleur, laisse de côté sa propre quiétude pour se tenir auprès de l’autre et partager sa peine. Cela génère souvent de la souffrance et des bouleversements intérieurs. Et pourtant, Thich Nhat Hanh en est convaincu : la compassion est le présupposé du bonheur. Car si nous nous replions sur nous-mêmes, nous enfermons également notre bonheur en nous, et il se dissout alors dans le néant.

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Lorsque je compatis avec l’autre, je le comprends. Je reconnais mon propre péché dans le sien. Je ne me considère pas comme meilleur et ne vais pas jusqu’à le condamner. Celui qui recherche constamment à détecter les fautes et les faiblesses des autres se croit supérieur à eux. Il ne se sent bien que s’il peut s’indigner des fautes d’autrui. La presse à sensations vit de cette tendance si répandue de nos jours. Mais en essayant ainsi de déceler les faiblesses des autres, je deviens inhumain. L’humanité authentique ne peut naître en moi que si je compatis avec l’autre, au lieu de le juger. Car ses fautes sont le reflet des miennes. La compassion n’est pas un sentiment par lequel je me place au-dessus de l’autre, mais grâce auquel je me mets à sa place et souffre avec lui, parce que sa souffrance est aussi la mienne. Ses faiblesses sont les miennes, ses fautes sont également en moi. Et sa souffrance me rappelle mes propres souffrances. Par la compassion, je ne rencontre pas seulement l’autre, je me rencontre moi-même.

Anselm Grün dans Le petit livre de la vie réussie

Une pièce musciale de Vivaldi par Andreas Scholl –  Nisi Dominus – Cum Dederit