L’amour en don

ImAGE pavillon

Il était une fois un homme très riche, extrêmement cruel et avare. Sa femme était d’une grande bonté, affectueuse et empathique. Personne n’aimait le mari, mais tout le monde estimait l’épouse. « Dieu m’a donné ce méchant mari, mais que faire d’autre que de l’aimer puisque tout le monde le déteste ? » pensait la femme. Elle était bonne pour lui et le servait jour et nuit.

Le couple vit la famine déferler sur la région où il habitait et de nombreux villageois vinrent lui demander de l’aide. L’épouse donna de l’argent à chacun et prodigua affection et sympathie. Le mari, en dépit de son avarice, ne s’offusqua pas de cette générosité. « Tant que ce n’est pas moi qui donne, je n’ai rien à dire », pensait-il.

La femme aimait bien faire la charité.

– Nous ne faisons qu’emprunter cet argent, lui disaient les gens. Nous vous le rembourserons.

– Non, nous vous le rendrons quand la famine sera finie, s’objectaient les villageois.

– Si vous souhaitez absolument me remettre la somme, vous le ferez le jour où mon mari mourra, répliquait-elle.

Certains furent choqués. D’autres pensèrent qu’elle parlait ainsi parce que le jour où son conjoint mourrait, les funérailles lui couteraient cher.

Un jour, la mère tint ces propos étranges en présence de l’un de ses fils. Jusque-là, le garçon chérissait ses deux parents, mais il fut choqué d’entendre de telles paroles sortir de la bouche de sa mère. il alla trouver son père.

– Mère a demandé aux gens de la rembourser après ta mort, lui confia-t-il.

– Comment peut-elle dire une telle chose ? s’étonna le père. Elle donne toujours de l’argent sans compter ; pourquoi demanderait-elle aux villageois de le lui rendre et pourquoi après ma mort ?

– Le mari alla trouver sa femme.

– Pourquoi as-tu demandé aux gens de te rembourser après mon décès? s’enquit-il.

Tu ne comprends pas, répondit-elle. Vois-tu, les gens ne t’aiment pas. En fait, ils te détestent. Tout le monde souhaite que tu meures, mais plusieurs ont reçu beaucoup d’argent et, par nature, les gens ne veulent pas rembourser ce qu’on leur donne. A partir de maintenant, plutôt que de souhaiter ta mort, ils vont prier pour que tu restes en vie afin de ne pas devoir me rembourser. J’espère que tu vas vivre longtemps, très longtemps, bon et gentil. Je t’avoue que j’ai joué un tour aux villageois. Ainsi, ils prieront tous les jours pour toi. Peu importe l’argent ! je veux que tu demeures longtemps à mes côtés.

Le mari fut extrêmement touché par la sagesse et l’amour de sa femme, et il s’engagea à avoir plus de compassion pour les autres.

Sri Chinmoy dans L’âme est un jardin : Apprendre à vivre dans la paix, le bonheur et l’harmonie

Une chanson de Dave Matthews Band – Everyday