Rencontres célestes

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Imaginez l’orbite de la Terre comme une sorte d’autoroute sur laquelle nous sommes l’unique véhi­cule, mais qui est régulièrement traversée par des piétons qui ignorent l’usage des trottoirs. Au moins 90 % de ces piétons nous sont totalement inconnus. Nous ne savons pas où ils habitent, quels sont leurs horaires, ni à quelle fréquence ils croisent notre route. Nous savons seulement qu’à des intervalles incertains ils s’avancent sur la chaussée ou nous sommes lancés à 100000 km à l’heure. Comme le disait Steven Ostro, du Jet Propulsion Laboratory: «

Supposez que vous puissiez pousser un bouton pour allumer chaque astéroïde de plus de 10 mètres de large croisant l’orbite de la Terre : il y aurait plus de 100 millions de ces objets dans le ciel. » En bref, vous ne verriez pas quelques milliers d’étoiles scintillantes, mais des millions d’objets plus proches, « tous capables d’entrer en collision avec la Terre et se déplaçant dans le ciel selon des courbes légèrement différentes à des vitesses différentes. Ce serait profondément énervant ». Eh bien, vous pouvez vous énerver, parce que c’est là, au-dessus de nos têtes.

Simplement, vous ne le voyez pas.

On estime – simple hypothèse fondée sur une extra­polation du nombre de cratères sur la Lune – qu’environ 2000 astéroïdes assez gros pour mettre en péril l’exis­tence civilisée croisent régulièrement notre orbite.

Mais même un tout petit astéroïde – de la taille d’une maison, disons – pourrait détruire une ville. Ce menu fretin croi­sant l’orbite de la Terre se compte probablement en centaines de milliers, voire en millions, et il est à peu près impossible de suivre ses déplacements.

Le premier, baptisé 1991 BA, ne fut repéré qu’en 1991 alors qu’il s’était déjà éloigné de nous de 170000 km – en termes cosmiques, l’équivalent d’une balle qui traverserait votre manche sans vous toucher le bras. Deux ans plus tard, un autre astéroïde plus gros nous a manqué de 145000 km – le passage le plus proche jamais enregistré. Lui aussi ne fut repéré qu’une fois passé, et il aurait donc pu nous tomber dessus sans crier gare. D’après Timothy Ferris, ces tirs rapprochés se produisent sans doute deux ou trois fois par semaine sans qu’on les remarque.

Un télescope terrestre ne pourrait repérer un objet d’une centaine de mètres de large avant qu’il ne soit à quelques journées de nous ; encore faudrait-il qu’il soit précisément pointé dans cette direction, ce qui est fort improbable, car ce type d’objet céleste reste très peu surveillé. On dit toujours qu’il y a moins de gens dans le monde cherchant activement des astéroïdes que de personnel dans un fast food ordinaire. (Ils sont un peu plus nombreux aujourd’hui, mais à peine.)

Bill Bryson dans Une histoire de tout, ou presque…

Une pièce musicale de Andreas Vollenweider – Night fire dance

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