Pensées génétiquement modifiées

ImAGE Visages

On a les pensées « génétiquement modifiées » qu’on mérite.

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En elle-même, la surabondance des informations ne conduit pas à un embarras du choix qui empêcherait tout jugement, comme certains l’on avancé. C’est plutôt de ne pouvoir être replacée dans un ensemble sensible cohérent, qu’il n’est plus d’informations, futile ou importante, qui ne paraisse condamnée à se perdre dans le flux de toutes les autres. Davantage, leur défilé ininterrompu ferme une à une les perspectives qu’il était jusqu’alors naturel à l’imagination de projeter au-delà des simples données objectives pour appréhender un être, un événement, une situation… L’effondrement de la critique d’art comme de la critique littéraire ne s’explique pas autrement : faute de quelque adhésion sensible, peu importe à quoi l’on se réfère. D’où la pléthore de théories d’allure scientifique qui prospèrent de cette absence sensible, sans avoir d’autre raison d’être que de l’entretenir sous un semblant de sérieux.

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Voilà déjà longtemps Novalis affirmait : « Le corps est l’organe nécessaire du monde. » Et n’est-ce pas, faute de l’être aujourd’hui, qu’il est en train de devenir la plus encombrante des prothèses ?

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Des années de nourriture trafiquée, frelatée, reconstituée, nous ont accoutumés à déguster moins la chose elle-même que le nom de la chose.

Annie Le Brun dans Du trop de réalité

Une pièce musicale de Opa-Tsupa JaZz MaNoUcHe

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