La plus que vive

26328_549903255041508_1784731828_n

On peut donner bien des choses à ceux que l’on aime. Des paroles, un repos, du plaisir. Tu m’as donné le plus précieux de tout: le manque. Il m’était impossible de me passer de toi, même quand je te voyais tu me manquais encore. Ma maison mentale, ma maison de cœur était fermée à double tour. Tu as cassé les vitres et depuis l’air s’y engouffre, le glacé, le brûlant, et toutes sortes de clartés.

*

Le monde n’est si meurtrier que parce qu’il est aux mains de gens qui ont commencé par se tuer eux-mêmes, par étrangler en eux toute confiance instinctive, toute liberté donnée de soi à soi. Je suis toujours étonné de voir le peu de liberté que chacun s’autorise, cette manière de coller sa respiration à la vitre des conventions, et la buée que cela donne, l’empêchement de vivre, d’aimer.

*

Il nous faut naître deux fois pour vivre un peu, ne serait-ce qu’un peu.

Il nous faut naître par la chair et ensuite par l’âme. Les deux naissances sont comme un arrachement.

La première jette le corps dans ce monde, la seconde balance l’âme jusqu’au ciel.

*

Plus on s’approche de la lumière, plus on se connaît plein d’ombres.

*

Je t’aime – cette parole est la plus mystérieuse qui soit, la seule digne d’être commentée pendant des siècles.

Christian Bobin dans La plus que vive

Une presttion de la Compagnie Marie Chouinard – Radical vitality solos et duos Act 1 + 2