Le sexe ni la mort

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C’est d’autant plus exigeant, en l’occurrence, qu’aimer tous les beaux corps, c’est aimer les corps dont, le plus souvent, on n’aura jamais la jouissance : c’est aimer la beauté plus que la possession, la contemplation plus que le coït, disons la jouissance esthétique plus que la jouissance sexuelle. C’est en quoi cela constitue un progrès : on est passé d’un amour purement sensuel, presque physiologique (l’homme ou la femme en manque), à un amour déjà esthétique (la soif de la beauté). Dans un cas, c’est le beauf qui se dit : « Elle est bonne! » ; dans l’autre, c’est l’homme raffiné et admiratif qui se dit : « qu’est-ce que les femmes sont belles ! ». N’importe qui est capable d’aimer un beau corps ; les hommes qui aiment vraiment la beauté des femmes sont moins nombreux, y compris chez les hétérosexuels, qu’on ne fait mine de le croire.

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Et pourtant je fais partie de ces hommes-là …

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C’est peut-être, sur l’amour, la phrase la plus bouleversante que je connaisse.

Dans Minima Moralia, Adorno écrit ceci: « Tu seras aimé lorsque tu pourras montrer ta faiblesse sans que l’autre s’en serve pour affirmer sa force. »

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PS: c’est ma dernière citation alors je me lâche!

Quel plaisir d’être troublé par l’autre, de constater qu’on le trouble, quelle émotion de percevoir la sienne, quel spectacle exquis que de le regarder nous regarder!

Quel plaisir d’être deux, de se toucher, de se caresser, de se prendre mutuellement, d’habiter cette intimité, cette dualité, cette relation à nulle autre pareille…

André Comte-Sponville dans Le Sexe ni la mort

Une chanson de Cécile Corbel – Jardin secret

Les paroles sont dans la vidéo

 

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