Pourquoi la poésie ?

 

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L’expérience poétique n’est ni du côté de l’intellect ni du sentiment émotionnel – mais vient d’ailleurs. C’est cet ailleurs, où seul il est possible de vivre authentiquement, que la poésie nous apprend à reconnaître – et c’est pour cette raison qu’elle est si nécessaire.

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Se tourner vers elle (la poésie), c’est exiger que le discours cesse. Qu’à la place du discours vienne la parole mariée à son propre secret et soucieuse de son silence. « Que tant de gens, écrit Paul Celan à Nelly Sachs, désertent la parole — leur propre parole tout aussi aisément que celle qui leur est donnée : cela fait partie des choses les plus difficiles de notre temps. » Il suffit d’écouter la télévision ou la radio, d’écouter les professionnels de la parole, d’écouter les professeurs assurés dans leur médiocrité pour en être asphyxié. Il est si rare d’entendre quelqu’un parler pour de bon.

J’ai écrit ce livre pour tous ceux qui comme Paul Celan trouvent que cette masse de bavardage, ces fausses questions, ces sondages indécents, font partie « des choses les plus difficiles » à supporter.

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La poésie, contre tout ce que l’on a fini par désigner sous ce terme, n’a rien à voir avec un assemblage de mièvreries, de sentimentalismes, de grandiloquences et d’affectations parfois teintés de jeux complexes et intimidants. En vérité, la poésie est toute entière le chant du non-moi, d’un état où le moi est sans importance et où la langue peut devenir l’écoute d’une parole pure.

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Le haïku est un travail sur la forme d’une extrême liberté mais néanmoins d’une profonde rigueur.

Fabrice Midal dans Pourquoi la poésie ? : L’héritage d’Orphée

Une pièce musicale A Haiku by Basho: Call of Zen

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