Marcher : éloge des chemins et de la lenteur

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La route travaille pour vous.

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La marche est inutile, comme toutes les activités essentielles. Superflue et gratuite, elle ne mène à rien sinon à soi-même après d’innombrables détours.

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Un marcheur est un homme ou une femme qui se sent passionnément vivant et n’oublie jamais que la condition humaine est d’abord une condition corporelle, et que la jouissance du monde est celle de la chair, et d’une possibilité de se mouvoir, de s’extraire de ses routines. »

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Le chemin n’est jamais interrompu tant qu’il reste le désir d’être porté par lui.

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Sortir de chez soi pour s’ouvrir à la déambulation amène un changement radical d’humeur.

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Ce qui importe ce n’est pas le chemin, mais ce que le marcheur en fait. ¸

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La marche est ce moment où la présence au monde redevient une forme de spiritualité.

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Marcher, c’est retrouver son chemin.

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Les premières heures d’une marche amènent à un allégement des soucis, à une libération de la pensée moins encline à la rumination et plus sollicitée par une recherche de solution du fait de l’ouverture à l’espace qui semble élargir le regard sur les choses.

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Ni la durée d’une marche, ni son cadre ne sont la condition de sa puissance de transformation intérieure, elle dépend surtout de ce que l’individu lui-même fait de ce temps de disponibilité, d’ouverture, ce temps qui n’appartient qu’à lui, où il importe de savoir qui l’on est et où l’on va.

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Sa force est de nourrir le goût de vivre dans une simplicité essentielle.

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Tout chemin est d’abord enfoui en soi avant de se décliner sous les pas. Il mène à soi avant de mener à une destination particulière. Et parfois, il ouvre enfin la porte étroite qui aboutit à la transformation heureuse de soi.

David Le Breton dans Marcher : éloge des chemins et de la lenteur

Une pièce musicale de Boïeldieu interprétée par Lily Laskine – Concerto for Harp and Orchestra (Andante lento)