Se détacher

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Au début, je n’imaginais pas que ce que je faisais et l’état d’esprit dans lequel je le faisais était plus important que le but que je m’étais fixé. J’avais décidé de pratiquer l’entraînement de l’esprit, une des formes de méditation, et je m’y investissais dans de courtes périodes déterminées, souvent, tôt le matin et en début de soirée.

En tentant de calmer mon esprit comme on me l’avait montré, j’avais l’impression d’obtenir l’effet inverse. Mon corps se reposait, mais mon esprit ne restait jamais tranquille. Je m’apercevais que dans les faits, je devenais affecté par beaucoup plus de choses, je devenais au contraire, plus dissipé, plus distrait. Vous savez, les bruits autour de soi, l’inconfort de la posture, la température, la luminosité, les événements imprévus, les pensées qui s’accrochent, etc.

Il m’a fallu du temps pour comprendre que c’est moi qui avais changé. Rien autour de moi n’avait vraiment changé, il n’y avait pas de dégradation, juste ma présence différente. J’étais plus attentif au flux continuel de mes sensations et de mes pensées. En échangeant avec d’autres personnes, je constatais que je vivais une étape incontournable.

Alors, l’état d’esprit change. Je constatais qu’il n’y avait pas d’expérience que je vivais à laquelle je ne pouvais pas m’habituer. Quand il me venait des sensations et des pensées, au lieu de les juger, de les classer et de me les approprier, je les reconnaissais vide de moi et je les laissais telles quelles.

J’apprenais à devenir un passeur, à regarder les fleurs, les pierres ou la pluie qui passent.

Puis, j’ai cessé de réserver des temps précis assis pour l’entraînement de l’esprit. J’ai assumé cet état de passeur et dans toutes les expériences de ma vie, j’adopte cette pratique formelle. J’accorde une attention à la posture, parfois dans une file d’attente, parfois dans l’autobus, parfois au travail, je redresse le dos pour que le corps se détende naturellement.

Peu importe le lieu, peu importe la situation, une fois que le corps est bien ancré, l’esprit peut alors se détendre et calmement, participer différemment au flux de la vie. Au lieu de juger les personnes qui m’entoure, de les classer et de me les approprier, je peux les reconnaître, et les apprécier telle qu’elles sont.

Ce changement de paradigme est une expérience infiniment paisible. Une fois stabilisée par une pratique répétée, elle produit un état de conscience qui nous habite. Cet état imprègne tous les états physiques et mentaux, qu’ils soient déplaisants ou plaisants.

Cet état de détachement, de lâcher-prise au regard de la fluctuation des sensations et des pensées venues de l’intérieur et de l’extérieur, est l’expérience de notre propre nature.

Une chanson de Cécile Corbel – Vent frais

Les paroles sont dans la vidéo

Vent frais vent du matin vent qui souffle aux sommets des grand pins joie du vent qui souffle allons dans le grand vent.

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