Voir le monde comme un ensemble d’événements

On peut penser le monde comme constitué de choses. D’entités. De percevoir quelque chose qui est. Qui demeure.

Ou bien on peut penser le monde comme constitué d’événements. D’occurrences. De processus. De quelque chose qui se produit. Qui ne dure pas, qui se transforme continuellement. Qui ne persiste pas dans le temps.

La destruction de la notion de temps par la physique fondamentale implique l’écroulement de la première de ces deux conceptions, non de la seconde. C’est la réalisation de l’omniprésence de l’impermanence, et non de l’immuabilité dans un temps immobile.

Penser le monde comme un ensemble d’événements, de processus, est le mode qui nous permet de mieux le saisir, le comprendre, le décrire. C’est l’unique mode compatible avec la relativité. Le monde n’est pas un ensemble de choses, c’est un ensemble d’événements.

La différence entre les choses et les événements, c’est que les choses perdurent dans le temps. Les événements ont une durée limitée. Le prototype d’une chose est une pierre : nous pouvons nous demander où elle sera demain. Tandis qu’un baiser est un événement. Se demander où se trouvera le baiser demain n’a pas de sens. Le monde est fait de réseaux de baisers, pas de pierres.

Carlo Rovelli dans L’ordre du temps

Une pièce musicale de Pat Metheny avec Charlie Haden – Cinema Paradiso

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