TOC et pleine conscience

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La neuroplasticité, le fait que la structure physique et cellulaire du cerveau puisse changer, signifie que notre cerveau s’adapte en réponse au vécu interne et externe. La neuroplasticité auto dirigée, formule conçue par le Dr Jeffrey Schwartz, chercheur et psychiatre à UCLA, est le processus par lequel nous pouvons délibérément provoquer ces adaptations en utilisant notre esprit pour changer notre cerveau. Scientifique et clinicien, Schwartz pratique également la pleine conscience et étudie les textes contemplatifs classiques depuis plus de trente ans.

Schwartz est l’un des premiers à avoir appliqué la pleine conscience dans un contexte clinique, de manière authentique et cohérente avec la pratique classique. Partant de la formation initialement destinée aux moines, il a traduit la pleine conscience en un traitement efficace pour les personnes souffrant de troubles obsessionnels compulsifs (TOC). Son travail de pionnier a aidé d’innombrables victimes des TOC. Les TOC sont causés par un déséquilibre biochimique du cerveau, qui suscite constamment des pensées douloureuses et pousse les patients à adopter des comportements répétitifs et compulsifs pour éviter une catastrophe imaginaire. Ils sont souvent préoccupés par des tâches répétitives (laver, nettoyer, compter, vérifier) qui finissent par perturber leur existence. Grâce à une formation à la pleine conscience, les personnes atteintes de TOC reconnaissent que les messages traitement qui inondent leur esprit peuvent être mensongers, et le traitement de Schwartz leur fournit des outils spécifiques pour mieux gérer ces pensées dérangeantes.

Dans la recherche menée sur le programme de Schwartz, l’imagerie cérébrale a constaté les améliorations signalées par les patients. De plus, Schwartz et ses collègues ont appris par la scintigraphie cérébrale que non seulement le cerveau change en relation avec les améliorations survenues dans le fonctionnement de ses patients, mais aussi qu’une attention soutenue, accordée à quoi que ce soit, crée un état qui déclenche la neuroplasticité auto dirigée, pas seulement pour les victimes de TOC mais aussi pour tout adulte. Son travail a montré qu’un effort de volonté peut transformer physiquement le cerveau. L’étude de Schwartz fut la première d’un corpus de recherche aujourd’hui en plein essor qui relie l’intentionnalité aux modifications du fonctionnement et de la structure du cerveau. Mettant l’accent sur l’effort délibéré et non sur le résultat, cette recherche pourrait avoir des applications essentielles pour les enfants, surtout ceux qui souffrent d’un déficit d’attention. Il est important d’initier en douceur les enfants à la pleine conscience, mais imaginez s’il était possible d’aider un enfant à acquérir une faculté stable d’attention rien qu’en l’encourageant, de manière amusante et ludique, à essayer de prêter attention encore et encore.

On peut concevoir le cerveau comme un jeu tridimensionnel de points à relier, chaque point étant un neurone (une cellule du cerveau) et les lignes reliant les points étant une voie neuronale. Les lignes unissant les neurones entre eux sont forgées et renforcées par le vécu. On peut aussi imaginer les voies neuronales comme des muscles et le vécu comme un exercice physique. Tout comme les muscles deviennent plus forts quand on soulève des poids, l’exercice fortifie les voies neuronales.

Susan Greenland dans Un cœur tranquille et sage

Une pièce musicale de Lavinia Meijer – Nuvole Bianche