Toute « existence » est un processus continu d’objectivation. Nous n’existons qu’en tant qu’objets réciproques les uns des autres et en tant que tels, nous n’existons que dans la conscience qui nous fait prendre conscience de nous-même. Lorsque l’objectivation cesse, comme dans le sommeil profond, l’univers objectif disparaît.

Tant que l’on se prend pour une entité séparée, une personne, il est impossible de voir la totalité de la réalité impersonnelle. Et cette notion d’une personnalité est due à l’illusion de l’espace et du temps, lesquels n’ont eux-mêmes aucune existence indépendante puisque ce sont que des instruments, de simples supports destinés à nous faire prendre conscience de la manifestation.

À tout moment donné, il ne peut jamais y avoir qu’une seule pensée, qu’un seul sentiment ou qu’une seule perception reflétée dans la conscience; mais les pensées, les sentiments et les perceptions s’écrouent à la suite les uns des autres, donnant l’illusion de la durée. Et la perception apparaît uniquement à cause de la mémoire – par l’identification du présent au passe et sa projection dans le futur.

Pensez à vous-même comme à quelque chose de momentané, sans passé ni futur. Où est la personnalité? Essayez et vous verrez. Dans la mémoire et l’anticipation, c’est-à-dire dans le passé et le dans le futur, on perçoit nettement qu’il y a un état mental en cours d’observation, alors que dans la réalité, le sentiment est avant tout celui d’être éveillé et présent – ici et maintenant »

Ramesh Sadashiv Balsekar dans Les Orients de l’Être

Une pièce musicale de BREATHING by Hiroshi Sugimoto starring Aurélie Dupont