L’extase matérielle

Finding a solution

woman with hands on hips standing in front of a huge keyhole, city and sky seen through it. Black background. Back view. Concept of finding the way

Partir, il faut partir. Il faut quitter vite, disparaître vers les régions de l’anonyme, vers le possible. Partir… Mais pour où? Quel pays m’attend? Quelle nouvelle vie, plus vaste, plus libre que l’ancienne pourrait être la mienne? Comment ne pas traîner avec soi les guenilles familières, comment secouer les jougs, les coutumes, les terribles habitudes qui ont creusé leurs sillons?

Je ne sais pas si cela est possible, oui, s’il est possible vraiment d’oublier, mais j’ai en moi comme cette porte ouverte au bout du très long corridor. Je crois que je peux changer à chaque instant, mais n’est-ce pas une illusion? Peut-on renier ce que l’on a fait, autrement que par le silence ?

Il y a tellement, si l’on y pense, tellement de crochets et de fils qui retiennent un homme. Tant de relations, de nœuds, tant de rails partout… Tant d’inconfort devenu confortable, et l’appel ne passe pas. Longuement, sûrement, l’horizon se bouche, les clôtures se dressent. Tous mensonges, tous hideusement faux, les murs que sont les objets, les sentiments, les sensations familières, nécessaires comme des drogues.

Est-ce cela, un homme ? Est-ce cette somme de liens et d’habitudes ? Est-ce cet exilé du voyage ? Si c’est vrai, c’est qu’il ne peut pas quitter. Ici ou ailleurs, il cherchera les entraves, il s’enfoncera dans la terre pour ne pas être seul, pour ne pas être son maître.

Jean-Marie Gustave Le Clézio dans L’extase matérielle

Une chanson de Daniel Bélanger – L’échec du matériel

Les paroles sur https://laboiteauxparoles.com/titre/70119/l-echec-du-materiel

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