Vivre dans un monde en crise

Krishnamurti

La sécurité totale existe-t-elle ? Alors, sentant l’incertitude que suscite l’insécurité, le cerveau se met à conclure que la sécurité existe. Il tire une conclusion, laquelle devient sa sécurité.

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J’ai peur. Et cette peur m’incite à placer mon énergie dans une croyance, une conclusion qui devient ma sécurité.

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Le savoir est important mais ce savoir – qui est le connu – empêche l’esprit d’aller au-delà du présent et du passé. La pensée ne peut fonctionner que dans le champ du connu car, même si elle croit se projeter dans l’inconnu, elle le fait suivant son conditionnement, sa connaissance du connu. Et l’on observe ce phénomène partout dans le monde – l’idéal, l’avenir, ce qui devrait être, ce qui est tenu d’arriver selon le passé, le conditionnement, l’éducation, le milieu. Et la pensée est également à l’origine de notre comportement, de la vulgarité, de la grossièreté, de la brutalité, de la violence dans les relations, etc.

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Lorsque je me dis « Mon esprit est mesquin, étroit, stupide, obtus, idiot, névrosé », est-ce que je le sais parce que quelqu’un me l’a dit ? Parce que je l’ai comparé à un autre qui ne me paraît pas névrosé et que je crois libre ? Alors, est-ce que je découvre ma mesquinerie en me comparant, en m’évaluant ? Mais c’est précisément la mesure, la comparaison qui rendent l’esprit mesquin.

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C’est là un exemple de vision pénétrante.

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La vision profonde surgit à chaque instant dans un esprit libre. Un esprit libre ne tire pas de conclusion et n’est donc pas mécanique. Un tel esprit agit, et son action n’est pas mécanique parce qu’en permanence il a une vision lucide des faits. Il est constamment en mouvement, vivant. Et, par conséquent, toujours jeune, neuf et invulnérable, alors que l’esprit mécanique est perméable à toutes les blessures.

Jidhu Krishnamurti dans Vivre dans un monde en crise

Une pièce musicale samurai’s zen

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