Pour la joie de ne rien être

ImAGE Ciel

Quittez toute voie spirituelle. Restez chez vous. Jetez vos tofus et votre prétention à la paix par l’alimentation, le yoga ou le taî-chi-chuan. Regardez. Ressentez. Regardez combien vous vous enfuyez de la réalité quotidienne. Pas de recette, d’exercice, d’attitude à observer. Être lucide. Sentez la peine, la tristesse, la peur. C’est Dieu en activité. C’est votre chance.

Quand vous ne prétendez plus que les choses devraient être autrement, mais que vous vous donnez à ce qui est dans l’instant, tout est possible.

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Dans le silence, la joie, la paix, se trouve l’approfondissement de la perception. La perception c’est un pôle direct sur le silence. C’est un art.

Apprendre à ressentir sans conceptualiser, sans préférer, sans juger; uniquement ouverture sensorielle.

Quand vous écoutez la vie, il n’y a que la paix, mais quand vous pensez, vous jugez, vous refusez, il n’y a que violence. La paix profonde vient de cette totale ouverture à la sensorialité.

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Tant que le désir sexuel s’apparente à une tension qui cherche à se libérer, cela reste au niveau de la pornographie. Mais quand le désir s’est affiné, en devenant une offrande, le désir sexuel n’est plus un désir sexuel, il se transforme en une célébration de la joie d’être. À ce moment-là, l’érotisme peut prendre son envol, tout ce que vous voyez dans la sculpture de l’Inde trouve vraiment son sens. L’érotisme n’est pas un moyen mais l’aboutissement d’une sensibilité.

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C’est uniquement quand on est ouvert aux émotions fondamentales que la pensée peut être porteuse d’émotion, de Lumière et de Beauté.

Un homme sensé, c’est quelqu’un qui vit en harmonie avec ses émotions : il connaît ses peurs, ses anxiétés, ses jalousies, ses culpabilités, et il est complètement en accord avec elles. Quand quelqu’un s’ouvre à ses émotions, celles-ci quittent leurs prolongations pathologiques, elles deviennent poétiques. Au lieu d’avoir peur de sa peur, on écrira sur la peur, on peindra sur la peur, on fera de la musique sur la peur. Comme on le dit en Orient, la compréhension c’est d’être compréhension ; rien n’est compris, personne ne comprend. Être compréhension n’est pas lié à la pensée, c’est une émotion fondamentale.

Tout ce qu’il y a de très profond dans la vie naît d’une émotion.

Eric Baret dans Le sacre du dragon vert : Pour la joie de ne rien être

Une pièce musicale Hymne à la joie

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