Kim

ImAGE Inde enfants rire

Tu ne peux à la fois choisir la Liberté et te faire l’esclave du plaisir de vivre.

*

Contemple, Saint Homme – la grand-route, c’est l’échine même de tout le pays de Hind. Elle est en grande partie ombragée comme ici, par quatre rangées d’arbres (…) Ici cheminent toutes les castes et tous les hommes de la terre. Regarde ! Brahmanes et chumars, banquiers et chaudronniers, barbiers et bunnias, pèlerins et potiers – le monde entier qui vient et s’en va. Cela me paraît un fleuve qui ne m’emporte plus, me laisse au bord comme un tronc d’arbre après la crue.

*

L’Inde est pleine de saints hommes qui balbutient en d’étranges idiomes des évangiles inconnus ; prophètes courbés comme des sarments dans la flamme de leur propre zèle ; rêveurs, discoureurs, visionnaires : tel qu’il en a été dès le commencement et qu’il en sera jusqu’à la fin.

*

Ainsi dit mon cœur. Il en est en matière de croyances comme en matière de cheval. L’homme sage sait que les chevaux sont bons – qu’il y a à gagner avec tous ; et quant à moi – sauf que je suis un bon sunnite et que je hais les gens de Tirah – je croirais volontiers la même chose de toutes les religions. Maintenant il va de soi qu’une jument de Kathiawar, fraîche émoulue des sables de son pays, se claquera si on l’emmène à l’ouest du Bengale, de même qu’un étalon de Balkh (et il n’y aurait pas de meilleurs chevaux que ceux de Balkh, s’ils n’étaient pas si lourds du garrot) ne servirait de rien dans les grands déserts du Nord, comparé aux chameaux des neiges que j’ai vus là-haut. Aussi, dis-je en mon cœur : les religions sont comme les chevaux. Chacune a son mérite dans son propre pays.

Rudyard Kipling dans Kim

Une pièce musicale de Eric Aron – Sattva

Laisser un commentaire