Prendre une marche

Respirer, marcher, parler, regarder : toutes choses ordinaires, dont on ne s’aperçoit de la valeur que lorsqu’on a failli les perdre pour toujours. Les rescapés d’accident, de maladies ou d’événements de vie graves racontent tous la même histoire, et la même sensation, liée à cette prise de conscience : vivre est une chance.

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Je marche presque tous les jours environ une heure. J’aime les cathédrales de verdure. Dans ces espaces, je peux prendre ma dose de calme, de lenteur, de continuité. Ce sont des moments où j’atteins facilement un état contemplatif, une présence intense au réel. J’expérimente un sentiment d’appartenance au monde, aux saisons qui se succèdent.

Des études ont montré que deux heures mensuelles de marche en forêt améliorent nos réponses immunitaires pendant un mois. Mais, attention, je parle d’une vraie balade, sans recherche de performance, sans portable à la main ou écouteur dans les oreilles. Une marche où l’on ouvre son esprit et son cœur à tout ce qui est là.

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Marchons en bavardant avec Cioran rue de l’Amertume, pour nous rendre place de la Déception, et finir ensuite dans le jardin de la Tristesse. Là, ça ira mieux : on pourra commencer à vraiment comprendre ce qui nous arrive, et passer à autre chose : emprunter le passage de l’Acceptation, nous balader avenue de l’Action.

Christophe André

Une pièce musicale avec Angelique Kidjo et Branford Marsalis – LonLon (Boléro de Ravel)