Le bon usage des crises (2)

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Un pauvre vieil homme prie avec ferveur. Le rabbin à sa grande surprise s’aperçoit en s’approchant qu’il récite l’alphabet. Il s’adresse au bonhomme : « Que récites-tu là ? » Et l’autre :  » Tu sais, Rabbi, je suis un pauvre homme sans grande instruction, sans grande intelligence et j’ai peur de déplaire à mon créateur. Alors je lui offre toutes les lettres de l’alphabet pour qu’il se serve lui-même et se compose la prière qu’il aimerait entendre. » »

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J’ose prétendre que si en cet instant, en de multiples endroits du monde, des femmes ne s’élançaient pas vers leurs aimés, des enfants dans les bras d’une mère, d’un père, des amis l’un vers l’autre, des chevreuils vers la source, si cet élan n’était pas à chaque instant tissé de neuf qui jette l’océan à la rencontre de la terre, alors le monde cesserait aussitôt d’exister.

Car cet élan est le nerf de la création

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Un vieil homme sage est interrogé sur la trajectoire de son existence jusqu’à ce jour. Et voilà comment il en résume les trois étapes : « A vingt ans, je n’avais qu’une prière : mon Dieu, aide-moi à changer ce monde si insoutenable, si impitoyable. ET vingt ans durant, je me suis battu comme un fauve pour constater en fin de compte que rien n’était changé. A quarante ans, je n’avais qu’une seule prière : mon Dieu, aide-moi à changer ma femme, mes parents et mes enfants ! Pendant vingt ans, j’ai lutté comme un fauve pour constater en fin de compte que rien n’avait changé. Maintenant je suis un vieil homme et je n’ai qu’une prière : mon Dieu, aide-moi à me changer – et voilà que le monde change autour de moi ! » Et pas de malentendu ! Ce n’est pas d’un renoncement à l’action qu’il s’agit mais bien au contraire d’une action neuve dans un esprit libre

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Le sens de la souffrance, c’est de traverser. Nous vivons dans une époque tellement poltronne qui nous protège, qui nous apprend surtout à ne pas souffrir, à rester en surface, à ne pas entrer dans les choses.

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 La passion nous offre une chance de traverser le mur des apparences.

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On a tout à fait tort quand on dit que l’amour est aveugle. Je crois qu’il faudrait dire bien davantage que l’amour est visionnaire, c’est-à-dire qu’il voit dans l’être aimé la divinité qui l’habite.

Christiane Singer dans Du bon usage des crises

Une pièce musicale avec Claude Bolling au piano et Maurice André à la trompette – Spirituelle

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