Le taoïsme fengliu

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Shitao est donc l’auteur d’un livre sur la peinture chinoise intitulé Traité sur la Peinture du Moine Citrouille Amère, qui est considéré comme le meilleur ouvrage chinois sur le sujet. Le traité de Shitao est concis, on y sent diffuse, bien que non manifeste, l’influence philosophique du bouddhisme chan.

« Si l’Un n’est pas clairement saisi, la multiplicité des êtres fait écran.

Si l’Un est totalement saisi, la multiplicité des êtres révèle son ordre harmonieux.

Le principe de la peinture et la technique du pinceau ne sont rien d’autre que la substance intérieure de l’Univers d’une part, et d’autre part sa parure extérieure. »

On est là tout près des conceptions du premier chan, qu’on appelait alors l’école de l’esprit, de celles exprimées dans le Sûtra de la Plate-forme de Huineng, le sixième patriarche du chan, du Sûtra du Diamant Coupeur : lorsque l’esprit ne s’arrête nulle part, alors apparaît le véritable esprit, lorsque l’illusion d’objet cesse, c’est la lumière de l’ainsité. On songe à Wangwei, bouddhiste chan et premier auteur d’un traité sur la peinture lettrée. On trouve chez les deux hommes cette tension créée par une vocation qui s’accomplit de fait dans une vie laïque fortement marquée par la créativité poétique. Des Tang aux Qing, le même idéal de simplicité érémitique, d’authenticité, de coïncidence avec les êtres, celui d’un retour au naturel qui s’exprime par la métaphore « aller avec le vent ».

Antoine Marcel dans Le taoïsme fengliu : Une voie de liberté spirituelle en Extrême-Orient

Une pièce musicale de Richard Warner – Tao

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