Contes des temps turbulents

Naître

Le monde est comme vos miroirs. Il est neutre. Il renvoie, fidèle, l’image que nous lui offrons. Soyez content, le monde l’est. Soyez anxieux, il l’est aussi. Dans chaque être, dans chaque instant, insupportable ou bienheureux, nous ne voyons rien du dehors. Nous ne voyons que notre image. Allez consulter vos miroirs et comprenez ce qu’ils vous disent. Alors toute peur, tout refus, tout combat s’en iront de vous.

*

Le conteur

Il est dit que sur un rocher, face aux vagues de l’océan, est le conteur de tous les âges. Il raconte sans cesse les contes de la terre, et l’océan ronronne, et l’océan l’écoute. Et il est dit aussi que l’on doit prendre garde. Car si un jour on faisait taire cet homme seul qui parle là, personne ne sait, en vérité, ce que ferait l’océan.

Comme je racontais cela, un jour, à des enfants pensifs, l’un d’eux hocha la tête et dit, l’air pénétré :

– Je sais, moi, ce que ferait l’océan. Il envahirait le monde.

Et comme je m’effrayais d’une fin aussi redoutable :

– Oh, non pas par méchanceté, me dit l’enfant, ni par colère, mais pour retrouver ce conteur qui faisait du bien à ses vagues.

*

Si tu veux découvrir la vie dans sa plaisante nudité, oublie ce que le monde estime inoubliable et demeure attentif à ce qu’il croit léger.

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Nous sommes sur le seuil, à la fois au-dedans et au-dehors de nous.

Nous sommes le seuil.

Henri Gougaud dans Petits contes de sagesse pour temps turbulents

Une pièce musicale L’Amor – Par Arianna Savall

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