L’histoire de la joie parfaite

ImAGEMatin champs de fleurs

Un jour, François demanda au frère Léo s’il savait ce qu’était la vraie joie. François répondit lui-même que, même si toutes les personnes importantes et instruites rejoignaient l’ordre des Franciscains, il n’y aurait pas de joie parfaite ; et il poursuivit :

« Mais qu’est-ce que la vraie joie ? Je reviens de Perugia la nuit, dans l’obscurité. C’est un temps d’hiver, humide et boueux, il fait si froid que des glaçons se sont formés au bord de mon vêtement et me lacèrent les jambes, et le sang coule de mes blessures. J’arrive à la porte, transi de froid, couvert de boue et de glace, et après avoir frappé et appelé pendant longtemps, un moine arrive et me demande : « Qui es-tu ? » Je réponds : « Frère François ». « Va-t’en ! Ce n’est pas une heure décente pour arri­ver. Tu ne peux pas entrer », dit-il. Et comme j’insiste à nouveau, il répond : « Va-t’en ! Tu n’es qu’un pauvre bougre sans éducation, À partir de maintenant, ne reste plus avec nous, nous sommes si nombreux et si importants que nous n’avons pas besoin de toi ». Mais je reste à la porte et lui dis : « Pour l’amour de Dieu, laisse-moi entrer ce soir ». Et il répond : « Non. Va demander chez les Croises. »

« Je vous le dis, si j’ai gardé patience et n’étais pas contrarié, voilà la vraie joie, la vraie vertu et le salut de l’âme. »

Qu’exprimaient là l’esprit et le cœur de François ? Voyez-vous qu’il n’y a en lui ni ressentiment, ni amertume, ni reproche, mais seulement la paix, la compassion et la joie. Il n’est pas une vic­time, il ne jouera pas le jeu de la victime. Il est le maître, le Sujet qui est liberté et compassion. Cela signifie, en termes chrétiens, que François est « revenu à sa demeure » en Dieu, comme le fon­dement où résider. Il est devenu « Un » avec le Christ. Le moine qui le rejette et le renvoie n’est autre que le Christ lui-même. Le désir du cœur de François et la vision de son esprit ont été dés­tructurés, brisés et transformés. Désormais, son cœur et son esprit sont ouverts au monde entier. Son cœur n’est pas seulement ouverture, mais paix, paix avec le monde. C’est seulement lorsque votre cœur et votre esprit sont parvenus à demeurer dans la « paix que le monde ne peut donner », qu’ils peuvent s’ouvrir sans réserve aux autres et au monde.

Comment parvenez-vous à cette paix ? Où trouvez-vous la vraie joie ? Voici un koan :

Joshu se rendit à la cabane d’un ermite et lui demanda :

« Est-ce que le Maître est là ? Est-ce que le Maître est là?»

Joshu vous demande : Est-ce que le Sujet est là ?

Comment vous éveillez-vous au Soi qui est le Sujet ? Quelle sorte de Sujet ? C’est une question concernant votre compré­hension et votre attitude, votre façon d’être et de répondre. Qui vous êtes ne peut être réalisé que dans l’espace entre l’appel et la réponse. On vous appelle et vous sollicite tout le temps. Et vous, aussi, vous demandez à l’autre /au monde : Qui suis-je ? Et : Qui es-tu ?

Ama Samy dans Cœur zen, esprit zen

Une pièce musicale de St. Francis – Brother Sun, Sister Moon – Lovely Day

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