Entre ciel et chair

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Tout est juste beau et terrifiant sur cette terre – et la naissance et la mort – le velouté et le râpeux – le miel et le fiel – la foi et la détresse. J’ai porté la couronne de l’amour et j’ai mordu la poussière. Il ne m’a pas été permis de faire un choix. J’ai dû tout prendre. Et tout était bien ici. Comment la clarté des étoiles nous serait-elle visible, si la nuit ne leur prêtait pas pour s’en détacher, son fond de ténèbres ?

Entre la réalité et nous, Dieu a dressé des murs. (J’en soupçonne pourquoi : nous faisons si peu cas de ce qui s’offre à nous, seuls l’obstacle et la quête ardue nous éveillent.)

Un cataclysme – l’amour, la mort, le désespoir – y ouvre soudain une fissure et voilà que se révèle à nous le paysage du dehors, l’univers qui nous entourait à notre insu. Ce que nous prenions jusqu’alors pour la réalité s’avère n’avoir été qu’une de ces cages de bois où les paysans ici prennent les loirs. Et les jugements que nous portions basculent dans l’ordre du dérisoire.

Le premier effet de la Révélation- l’œil collé à la fissure est l’abdication de tout jugement.

TOUT DÉPASSE NOTRE RAISON. TOUT.

Christiane Singer dans Une passion : Entre ciel et chair

Une pièce musicale A Somerset Rhapsody, Op. 21/2

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