Livre des amours

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En amour comme au jeu d’échecs les fous sont les voisins des rois.

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Depuis ce temps l’homme et la femme se joignent, s’accolent, s’éloignent, se cherchent encore infiniment. Ils souffrent d’une déchirure, ne vivent que pour la guérir. Ils font l’amour comme l’on prie. Ils jouissent. Leurs ventres savent qu’ils ne sont qu’un être en esprit.

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Ainsi va la légende avec la calomnie. Les deux sont sœurs, mais ennemies. La légende est riche de sève. La calomnie n’a que venin. Et la vérité, direz-vous ? Ce monde n’est pas son jardin.

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Les contes ne parlent pas du monde de l’enfance, mais de l’enfance du monde. En eux sont l’innocence, la vigueur, le tutoiement de Dieu et l’absence de doute des premiers printemps de la vie.

Or il est un pays, dans l’univers foisonnant des jubilations orales, que les explorateurs ont obstinément évité : celui où se disent le désir, l’accointance entre homme et femme, l’appétit de la jouissance, bref le bon usage de ce que le Créateur nous a mis au carrefour des jambes et du ventre. Pourtant, à fréquenter les contes et les mythes des peuples primitifs, il apparaît que les mille jeux du sexe furent partout célébrés à l’égal des manifestations les plus sacrées du bonheur d’être. La raison pour laquelle on considéra longtemps ces histoires de dards et de grottes mouillées comme peu dignes d’intérêt, et moins encore d’affection, tient probablement à cette gêne insurmontable que les aristocrates de l’esprit (ou prétendus tels) ont toujours éprouvée devant les intempestives libertés du corps.

Henri Gougaud dans Le Livre des amours : Contes de l’envie d’elle et du désir de lui

Une pièce musicale de The Beatles interprétée par Abby Celso – Can’t Buy Me Love!

Les paroles en français sur https://www.lacoccinelle.net/244144.html