L’ascèse

Mont Sinaï

Calmement, clairement, je regarde le monde et je dis : tout cela, que je contemple, que je perçois, que je savoure, que je flaire et que je touche, tout cela est une fiction de mon esprit.

C’est à l’intérieur de mon crâne que se lève et se couche le soleil. À l’une de mes tempes apparaît le soleil, à l’autre il disparaît.

C’est dans mon cerveau que brillent les étoiles ; les idées, les hommes et les animaux paissent dans ma tête temporaire. Chants et pleurs emplissent les coquilles sinueuses de mes oreilles et agitent l’air un instant.

Que s’éteigne mon cerveau, et tout disparaît, le ciel et la terre.

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Un seul désir me possède : celui de surprendre ce qui se cache derrière le visible, de percer le mystère qui me donne la vie et me l’enlève, et de savoir si une présence invisible et immuable se cache par-delà le flux incessant du monde.

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Serein et lucide, je contemple le monde et dis : Tout ce que je vois, entends, goûte, flaire et touche est création de mon esprit.

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Ton premier devoir est de percevoir et d’accepter, sans vaine révolte, les limites de l’entendement de l’homme, et de respirer et travailler sans répit au dedans de ces limites sévères.

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Nous ne combattons pas nos passions obscures par des vertus austères, anémiques, neutres, situées au-dessus des passions. Mais au contraire, avec d’autres passions, plus vigoureuses

Nikos Kazantzakis dans L’ascèse

Une pièce musicale d’Angélique Ionatos – Hélios, hymne au soleil

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