Paroles de Tagore

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Sandip se mit à rire :

-Vous avez raison, dit-il. Excellent discours pour un maître d’école. Vous dites le genre de choses qui font si bien dans les livres. Mais, dans le monde réel, j’ai reconnu que l’occupation essentielle de l’homme est justement d’entasser les matériaux extérieurs à lui-même. Les maîtres de cet art sont ceux qui font le plus de boniments pour leurs drogues mensongères, inscrivent de leurs larges plumes des chiffres faux dans leurs grands livres politiques, lancent des journaux quotidiennement farcis de fausses nouvelles, et envoient aux quatre coins des cieux des prêcheurs chargés de disséminer le mensonge, comme des mouches qui portent au loin des germes pestilentiels. Je suis l’humble disciple de ces grands hommes. Quand j’étais attaché au parti du Congrès, je n’ai jamais hésité à délayer dix pour cent de vérité dans quatre-vingt-dix pour cent de mensonge. Et maintenant, le simple fait que je n’appartiens plus à ce parti ne m’a pas fait oublier que le but de l’homme n’est pas la vérité mais le succès.

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Nous croyons que nous sommes nos propres maîtres quand nous tenons dans nos mains l’objet de nos désirs. Mais nous ne sommes nos propres maîtres qu’après avoir chassé nos désirs de nos cœurs.

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La grande difficulté est qu’on n’est pas seul à posséder sa propre vie : nul ne peut vraiment vivre sans le secours de son entourage.

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Il y a des lâches qui exigent comme un droit la dévotion absolue de leur femme: et c’est une humiliation pour eux comme pour elle.

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La vraie valeur de l’amour, c’est qu’il enrichit de sa propre richesse les cœurs pauvres.

Rabindranath Tagore dans La Maison et le Monde

Une pièce musicale de Anoushka Shankar – Traveller

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